Dans les pas de Joseph Vaylet
Sous l’impulsion de sa présidente, Éliane Moisset, l’équipe de salariés et de bénévoles des amis de Joseph Vaylet œuvre à sauvegarder, restaurer et rendre accessible l’immense fonds laissé par Joseph Vaylet (1894-1982), complété par le legs de son ami et exécuteur testamentaire, Zéphir Bosc.
Un héritage fondateur
«Plus tard, quand j'aurai fini de collectionner les jours et les heures de mon existence et que je serai rappelé auprès de celui qui collectionne les âmes et les vies, vous garderez, avec mon souvenir, ces collections, ces outillages et matériaux folkloriques qui sont là. Il vous incombera, amis d'Espalion et de l'Espalionnais, de continuer cette œuvre à laquelle vous apporterez vos meilleurs soins, car il faut que vos enfants et petits-enfants puissent en profiter» (Joseph Vaylet, le 11 juillet 1979, lorsque la croix de la Légion d’honneur lui fut remise).
Créée en 1982, l’association Les amis de Joseph Vaylet est née pour «pérenniser la mémoire et l’œuvre de Joseph Vaylet», raconte Éliane Moisset. Majoral du Félibrige*, écrivain, collecteur inlassable de traditions et de savoirs populaires, Vaylet avait consacré sa vie à documenter la culture occitane. À sa mort, il lègue à l’association un ensemble considérable de livres, manuscrits, objets et archives, bientôt rejoint par le fonds Zéphir, transmis par son ami et exécuteur testamentaire.
«On protège aujourd’hui près de 10.000 ouvrages. Une partie vient du fonds Vaylet, l’autre du fonds Zéphir, qui a apporté des dossiers de travail, de la poésie, des notes de recherche. Les deux se complètent parfaitement.»
Classé “patrimoine écrit” par la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles), cet ensemble bénéficie d’un appui institutionnel décisif. La municipalité en est dépositaire, un statut essentiel pour obtenir des financements dédiés à la conservation et à la numérisation.
Au cœur des anciennes prisons, un chantier permanent
L’association occupe aujourd’hui trois espaces : le bâtiment historique des anciennes prisons, où sont stockées la plupart des collections, une salle d’archives supplémentaire, et un atelier de restauration au quatrième étage de la bibliothèque municipale.
Depuis le mois de septembre, deux salariés travaillent à mi-temps sur le tri, le catalogage et la numérisation. Ils sont épaulés par plusieurs bénévoles. «On tourne à sept ou huit bénévoles rien que pour les livres et les archives», explique la présidente. «Ce sont eux qui trient, classent, retrouvent les éléments, préparent des expositions. Sans eux, rien n’avance.»
La structure s’est dotée d’un scanner professionnel, indispensable pour répondre aux demandes des chercheurs : «Nous ne prêtons pas les documents, alors la numérisation nous permet d’envoyer des pages propres, lisibles, sans abîmer les ouvrages.»
Faire vivre la mémoire occitane
Outre les livres, le fonds comprend des collections iconographiques exceptionnelles : plaques de verre, diaporamas anciens, cartes postales, canivets religieux du XIXe siècle. L’association en a déjà présenté une partie dans des expositions thématiques, notamment autour de l’imagerie religieuse.
Mais la véritable ambition est de rendre ce patrimoine accessible au plus grand nombre. «Les archives ne doivent pas dormir, elles doivent servir.» Une conviction héritée de Vaylet lui-même, que la présidente répète avec force. «Notre objectif, à terme, c’est de tout numériser et de permettre aux gens de consulter depuis chez eux.»
L’association mène également un patient travail éditorial : poèmes inédits, textes félibréens, carnets de notes et écrits ethnographiques sont progressivement relus, transcrits et préparés pour publication.
Une culture à transmettre
En veillant sur l’héritage de Joseph Vaylet et de Zéphir Bosc, l’association porte bien plus qu’un fonds documentaire : elle maintient vivant un pan essentiel de l’identité occitane. «Ce que nous protégeons, c’est un art de vivre, cette mémoire que Vaylet a passée sa vie à recueillir», résume Éliane Moisset.
Une mission patiente, essentielle, et toujours en construction, à l’image du patrimoine qu’elle défend.
EB
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