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Cyclisme. Tour de France féminin : au tour d'elles

Aveyron. CYCLISME. Passionné de cyclisme qu’il pratique depuis... 72 ans, Roger Lajoie-Mazenc a été témoin, journaliste à Paris, du tout premier Tour de France féminin de l’histoire, une édition aujourd’hui oubliée. Il lance ici un pont entre ce début tronqué et le retour attendu de l’épreuve pendant deux jours sur nos routes aveyronnaises. L’occasion, pour lui, d’écrire, en grande première, une histoire du cyclisme féminin en Aveyron.

Cyclisme. Tour de France féminin : au tour d'elles
Pauline Sabin-Teyssèdre fut entre autres, championne du monde de cyclo-cross master 35-39 ans en 2016.

Par Roger Lajoie-Mazenc.

Je suis coureur cycliste et débute en journalisme à Paris alors que le cyclisme féminin fait gamberger. Misogynie d’une autre époque, on prétend que la pratique de ce sport assis révèle aux femmes une satisfaction génitale ! On accuse la bicyclette pour condamner la bicycliste. Je m’entraîne sur route avec ma coéquipière Colette Schnekonig, sur piste avec la championne Suisse Marie-Louise Vonarburg. Elles préparent le 1er Tour cycliste féminin.

Envisagé en 1954 par Jean Leulliot, mon patron au Journal Route et Piste, il n’a finalement pas eu lieu. 1955 en voit l’organisation avec 5 étapes Normandes. Parmi les 41 partantes, pas une de Midi-Pyrénées, mais une brochette de Parisiennes dont Jeanine Lemaire et la cyclotouriste Lily Herse.

La britannique Millie Robinson est très regardée mais c’est la Luxembourgeoise Elsy Jacobs qui en sera victorieuse. Vonarburg est 19e ; Schnekonig n’a pas pris le départ de la 4ème étape.

Il en ressort des critiques dont la mauvaise position des concurrentes sur leur machine ou leur incapacité à pratiquer le démarrage !
Le Tour féminin ne sera pas reconduit en 1956. Il ne reprendra qu’en 1984 à l’initiative de Félix Lévitan. Entre-temps, Elsy Jacobs aura remporté le 1er championnat du monde en 1958, les françaises Geneviève Gambillon en 1972 et 1974, Josiane Bost en 1977. Viendra l’âge d’or avec Jeannie Longo, 5 victoires de 1985 à 1995.

Mais qu’en est-il alors du cyclisme féminin en Aveyron où la Grande boucle des filles se prépare à passer deux journées les 26 et 27 juillet prochains ? En faisant connaissance avec “nos” coureuses aveyronnaises, grande surprise : c’est comme une affaire de famille.

Les pionnières

Les deux premières licenciées cyclistes féminines en Aveyron ont été Lydie Marcantoine (Aubin) et Edith Regourd (Villefranche, originaire de La-Bastide-l’Evêque) toutes deux débutantes au Vélo Sport Villefranchois, en 1975.

Deux pionnières dont Lydie sera la plus persévérante. Ayant obtenu son Brevet de cyclisme FFC à Decazeville en 1971, on la trouvera, en 1975, aux Samedis cyclistes sur la piste de Sapiac à Montauban : 2e de la finale et 2e du championnat ASSU, puis sur route : 1re au Grès (Haute-Garonne) et à la Polymultipliée des débutants à Villefranche. Après un stage au CREPS de Toulouse, prise par ses études, contrairement à son cousin Thierry Lajoie, elle ne pourra persévérer.

Originaire de Touraine, Evelyne Carrière vit à Rodez lorsqu’en 1977 elle fait ses débuts au Vélo Club d’Espalion où elle retrouve Lucette Laurens, du Nayrac. Une expérience contrecarrée par une première maternité en 1979 avant, en 1980, 2 victoires et une place de 39e au championnat de France (1re Jeannie Longo), saison enrichie du Trophée des Pyrénées aux points. Une nouvelle maternité la tient éloignée des pelotons en 1981 mais elle remet ça dès 1982 avec des victoires et une 3e place au championnat des Pyrénées disputé à Villefranche. Trahie par son dérailleur au championnat de France, elle obtient son diplôme d’éducatrice au CREPS de Toulouse. En 1983, victorieuse à Viviez et Villefranche, elle est 7e au Trophée des Pyrénées. En 1984, 8ème au championnat des Pyrénées à Septfonds, 3e à la Promotion Dépêche, 10e au Trophée régional des Pyrénées, elle se voit remettre le Challenge ODASPA. En 1985, elle se consacre aux épreuves tests et se classe 7e au championnat des Pyrénées à Auch.

Les Filles de coureurs

Avec un père coureur puis vélociste à Saint-Cyprien et Decazeville, et un frère qui s’y mit aussi, Marlène Blanc pouvait difficilement y couper. Après son premier vélo à 12 ans, elle prend sa licence minime en Ufolep à l’ECVD Marcillac. Championne de l’Aveyron cadette, elle passe en FFC et enfile, en 1989, le maillot du Guidon decazevillois qu’elle ne quittera plus. Son club va connaître une belle poussée féminine avec les Corinne Boudet, Corine Gratacap, Céline Ferrières, Laetitia Roualdès, Lydie Couderc, Séverine Maubert et le renfort de la Ruthénoise Lydie Cavaroc.

En 1991, Marlène monte sur le podium du championnat des Pyrénées : 3e à La-Crouzette, est classée ex-aequo pour la 7e place au championnat de France à Rennes, 8ème au championnat des Pyrénées contre la montre à Fronton, participant aussi à la nationale Bordeaux-Royan, aux Tours du Finistère junior, de Gascogne et d’Aquitaine. Elle est 2e au championnat régional en 1992 à Puy-l’Evêque et 20e au championnat de France, participant en outre au Tour du Tarn-et-Garonne, se classant 6e au Bol d’or des Monédières, s’ouvrant une participation au stage de l’équipe de France à Bourges. Année du baccalauréat oblige, 1993 la verra en retrait des grandes compétitions, sauf la Mi-août Bretonne, et une 2e place au championnat des Pyrénées contre la montre par équipes, un podium régional qu’elle retrouvera en 1994 : 3e à Decazeville, avant 4e en 1995 puis 3e en 1996 par équipes avec Ferrières et Cavaroc. Non licenciée en 1997, après un passage en VTT en 1998 dont une participation au fameux Roc d’Azur, elle met un terme à sa carrière cycliste. Son conjoint David Andrieu en a fait de même.

Fille de Bernard Pradel, le champion des Pyrénées aux 250 victoires et créateur d’un commerce de cycles à Rodez, Marine Pradel est licenciée de 2000 à 2010 à Vélo 2000 Onet-le-Château. Celle qui a seulement côtoyé Jeannie Longo dans une Semaine cantalienne, s’est consacrée à la route à travers les cyclosportives : La Marmotte, L’Octogonale ou la Cycl’aigoual. Sa préférence au VTT la conduira à un titre de vice-championne de France en 2003 et de championne des Pyrénées, outre quelques Top 10 en Coupe de France. Du vélo, elle fait son métier, succédant à son père et, avec son conjoint lui aussi cycliste, portant à trois les points de vente dans lesquels elle s’efforce de promotionner le cyclisme féminin tout en étant la supportrice de son jeune fils en BMX.

Chez les Azam, à Saint-Affrique, on pédale en famille : Dominique le père, champion de France corpo, Antonin le fils, passé par l’équipe réserve d’AG2R, et les deux filles. Marion Azam, sera 7e du championnat du monde junior à Moscou en 2009 et 22e du championnat d’Europe. Au championnat de France sur route : 12e en 2010, 18e en 2011. En 2012, alors licenciée à Vienne Futuroscope, elle prend une fort belle 8e place, et surtout la 2e en espoirs juste derrière Marion Rousse également vainqueur du scratch. En 2023, elle vient donner de ses nouvelles avec une 2e place à L’Octogonale. De 4 ans sa cadette, Emeline Azam, licenciée au Boulou, sera 44e au championnat de France 2014, 30e en 2015, 63e en 2017, avant de se convertir au triathlon et à la course à pied.

Le haut de gamme

Sous les couleurs du VC Rodez, Eloïse Bec est 3e au championnat de France débutantes route en 2009 et 3e au championnat de France de l’Avenir, mais c’est sur piste qu’elle se révèle, médaille d’argent en cadettes au championnat de France en 2009, avant de se classer 3ème en 2011 (derrière Italiennes et Russes) du championnat européen de poursuite par équipes associée à Eugénie Duval et Valentine Morin. Elle sera 15e au championnat de France route en 2012, puis passera sous les couleurs du Boulou.

Karine Saysset a débuté dans la danse et a été Miss Cévennes avant de se mettre en danseuse avec son compagnon, le cycliste Gilleron, sous les couleurs de Vélo Cité Millau. 34e au championnat de France FFC et Championne de France FSGT à Montlhéry en 2000, 36e au championnat de France 2001, elle se signale dans les cyclosportives (Annemasse, Cycl’aigoual, Saint-Flour) et en cyclo-cross (1re à Castres, Millau, Cassagnabères, Roquette, Revel, Aussonne, Montauban, 2e au championnat des Pyrénées FFC, 1re au championnat des Pyrénées FSGT de cyclo-cross en 2003). Signant à Montauban, elle sera championne de France FSGT de cyclocross en 2004. Saison écourtée pour cause de maternité en 2005 où on la voit allaitant son bébé au départ et à l’arrivée de la Vélotoise, qu’elle remporte ! Encore championne FSGT en 2006, elle est 2e en FFC avant d’enlever l’étape du Tour, à Loudenvielle, la Cycl’aigoual, la Walkoviak, le Lozérienne, l’Ariégeoise et d’être encore sacrée championne FSGT de cyclo-cross, alors qu’enceinte de son 2e enfant, en 2007. Elle ajoute, en 2008, le titre de championne de France des moniteurs de cyclisme avant celui de master en cyclo-cross en 2010 et, sous les couleurs de l’AC Montagnac, de championne du monde des cyclosportives en 2011. Elle est 1re féminine à la Granfondo de Saint-Tropez en 2012 où elle va réaliser une perf de folie en se payant (sans autorisation) une pointe à 90 km/heure sur le viaduc de Millau !

Fille de Christian Teyssèdre, maire de Rodez, qui prolonge son parcours de compétiteur au VC Ruthénois par une proximité avec le Tour de France qu’il a fidélisé avec sa ville, Pauline Sabin-Teyssèdre a de qui tenir. Elle navigue entre l’Association de promotion du cyclisme pour l’Ufolep et le Vélo club Ruthénois pour la FFC. Au bout, une exceptionnelle saison 2016 qui la voit double championne de France de cyclo-cross Ufolep dans le Bordelais en février et championne de France master 2 en Picardie en novembre (confortant son titre de l’année précédente acquis sur tapis vert). Le tout couronné par un titre de championne du monde de cyclo-cross master 35-39 ans en Belgique cette même saison 2016. Victime d’un grave accident en mai 2017 (percutée à l’entraînement par une voiture), elle se classe néanmoins 5e du mondial de VTT en Andorre. Se ménageant un itinéraire pluridisciplinaire entre route, cyclo-cross, VTT et Gravel, on la retrouve aussi bien en stage sur route avec le VCR en Espagne en 2019 qu’à une excellente 12e place à la Strade Bianchi Montferrato en 2022.

TOUR DE FRANCE FEMMES 2023 : LES ÉTAPES

1re étape dim. 23 juillet Clermont-Ferrand – Clermont-Ferrand, Étape de plaine, 124 km.
2e étape lun. 24 juillet Clermont-Ferrand – Mauriac, Étape accidentée, 148 km.
3e étape mar. 25 juillet Collonges-la-Rouge – Montignac-Lascaux, Étape de plaine, 147 km.
4e étape mer. 26 juillet Cahors – Rodez, Étape accidentée, 177 km.
5e étape jeu. 27 juillet Onet-le-Château – Albi, Étape de plaine, 126 km.
6e étape ven. 28 juillet Albi – Blagnac, Étape de plaine, 122 km.
7e étape sam. 29 juillet Lannemezan – Tourmalet - Bagnères-de-Bigorre, Étape de montagne, 90 km.
8e étape dim. 30 juillet Pau – Pau, Contre-la-montre individuel, 22 km.



Tour de France Femmes 2023 : le parcours

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