Grand âge
La population des personnes âgées de plus de 85 ans est d'actuellement 2,1 million. Elle devrait passer à 2,4 million en 2030, 4 millions en 2040 et environ 5 millions en 2050, ce qui constitue un défi majeur pour le pays. La question qui se pose étant celle de l'adaptation de leur prise en charge, en tenant compte de la perte d'autonomie, à domicile, en établissements ou en résidences adaptées.
En Aveyron, un collectif de professionnels s'est réuni pour la première fois en janvier 2022, regroupant tous les acteurs de la gériatrie départementale, du secteur public, des associations privées gestionnaires d'établissements (maisons de retraite, Ehpad) ou d'aide à domicile, afin de tirer la sonnette d'alarme : nous écrivions alors que c'était «peut-être une première en France».
Après s'être réunis plusieurs fois et avoir adressé des propositions aux service départementaux et de l'État, ces professionnels, dont de nombreux dirigeants ou administrateurs de maison de retraites, des associations comme la Fédération ADMR ou l'ASSAD, la Mutualité Française Aveyron, Solea ou Palaios, qui regroupent des établissements, etc. on décidé de constituer une association, ce qui fut chose faite en mai 2024. Elle est présidée par Laure Pradeilles, directrice de la Fédération ADMR de l'Aveyron, et François Carrié, directeur de maison de retraite.
L'Aveyron, une photographie de la France
La venue en Aveyron en juillet dernier de Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée chargée de l'Autonomie et du Handicap, a été l'occasion de signer une convention avec les services du Département, dont le grand âge est une compétence, et l'Agence régionale de santé (ARS), faisant de l'Aveyron, qui est une «photographie de la France au regard de la part des personnes âgées», un département pilote.
Afin de réorganiser l'offre médico-sociale auprès des personnes âgées, le département a donc été découpé en six bassins de vie dans chacun desquels l’ensemble du parcours sera étudié : maintien à domicile, hébergements adaptés, accompagnement médical et rôle pivot d’un Ehpad référent, en lien avec un centre hospitalier (lire notre édition du 2 octobre dernier).
Jean-Sébastien Frossard : revoir le “virage domiciliaire”
Au cours des travaux qui ont été abordés durant cette journée de travail, à laquelle assistaient de nombreux dirigeants ou administrateurs d'établissements du Nord Aveyron, ainsi que des responsables des services déparementaux, Jean-Baptiste Frossard, Inspecteur général des Affaires sociales (IGAS), est intervenu en visio-conférence. Il est revenu sur les points essentiels d'un rapport dont il est le co-auteur : «Lieux de vie et accompagnement des personnes âgées en perte d’autonomie : les défis de la politique domiciliaire, se sentir chez soi où que l’on soit».
Dans ce rapport, il est question du “virage domiciliaire”, se substitue de plus en plus au développement des Ehpad, qui avaient eux-même permis de supprimer des lits à l'hôpital. Le défi des deux décennies à venir, avec le vieillissement des baby-boomers — dont 1 million de plus seront dépendants entre 2030 et 2040 —, étant de parvenir à créer des structures pertinentes en fonction de leur lieu d'implantation : le maintien à domicile a un coût, et la création d'habitats “seniors” adaptés également, surtout si ils ne sont pas pensés dans un mode de mutualisation de moyens humains et d'équipements médicaux.
Un défi compliqué, dans la situation mondiale actuelle, par le coût de la dépendance, surtout à domicile, et par le problème du recrutement.
La journée s'est poursuivie par des échanges entre les professionnels du collectif et les services du département, qui travaillent donc main dans la main, avec l'appui des autorités sanitaires, pour affronter le défi du grand âge, qui nous concerne tous plus que jamais.
XP
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.