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Parc Floral de la Prairie. La page des camélias

Magazine . C’est pourtant un livre qu’il faudrait consacrer à cette fleur venue de l’Himalaya dite tsubaki en Japonais*, introduite en Europe à la fin du XVIIIe siècle...

Parc Floral de la Prairie. La page des camélias

Avec son parcours pour arriver en Angleterre, qui s’attendait à recevoir le Camellia sinensis (ou arbre à thé), et s’est retrouvée charmée par la grâce du Camélia Japonica, d’où le début de l’importation d’Asie pour les jardins de la Reine Victoria ;

Sachons toutefois que le thé fut rapporté d’Amérique par les Portugais vers 1580 et implanté aux Açores. C’est par le mariage de la Portugaise Catherine de Bragance avec Charles II d’Angleterre (règne des Stuart) en mai 1662 que la coutume de boire du thé débuta sa notoriété dans les Îles Britanniques (ainsi que manger de la marmelade !)

Avec son «intégration» réussie sous nos latitudes, grâce à Joséphine de Beauharnais qui la collectionna dans son château de Malmaison en région parisienne ;

Avec la Bretagne et la Vendée qui deviendront sa terre d’accueil et, de ce fait, Nantes la capitale de sa culture ;

Avec, en 1848, le livre d’Alexandre Dumas “La dame aux camélias” dont le succès prit le pas sur la faute d’orthographe du titre ;

Avec la mode vestimentaire de Coco Chanel qui la sublima aux boutonnières masculines ;

Avec son exceptionnelle floraison, au parfum imperceptible (hormis pour le camellia d’automne) et le charme de son port.

Autant d’attraits qui ne laissent pas indifférents «camelliophiles», amateurs ou jardiniers passionnés d’une fleur qui décline aujourd’hui sa grâce sous différentes robes, allant du blanc au rouge foncé, en passant par les reflets jaunes.

C’est au 2.396 chemin des Sports à Alès, en Région Occitanie et aux portes des Cévennes, que le Parc Floral de la Prairie, unique en France, ouvre ses portes sur plus de 1.200 camellias de 50 à 60 ans d’âge, dont 320 variétés, s’élevant de 5 à 12 m de hauteur,

En zone alésienne dite de la Prairie, sur la “poussière des Cévennes” dit-on, où la terre a reçu depuis des siècles les sédiments du Gardon (cours d’eau) lors de ses débordements et l’humus des châtaigniers qui y furent plantés pendant des décennies, Jean Ignal, alors maraîcher et horticulteur, vers 1920, reçoit d’un ami un plant de camellia au retour d’un de ses voyages en Asie.

En Prairie c’est bien connu, hormis de planter la racine en l’air, tout pousse (mais quoi de plus normal avec de l’eau et 4 à 5 m de limon en sous-sol !).

C’est ainsi que le camellia transplanté prit sa place et que Monsieur Jean Ignal mit le doigt dans l’engrenage.

«C’était le début d’une grande aventure», explique le guide Robert Orlandini et, pendant cinquante ans, Monsieur Ignal n’eut de cesse de marcotter, diviser, planter l’arbuste sur 1 ha et demi, en commandant ses plants à la pépinière des Sœurs Guichard de Nantes.

 

Si Madeleine**, fille de Monsieur Ignal, fut cantatrice à l’opéra de Paris, cela ne l’a pas empêchée, avec son époux Jean-Claude Peyrot, de prendre la suite de son père jusqu’en 2005, puis céder la place à Bernard Pical, dit “Bernard le jardinier”, «homme de passion et professionnel reconnu de l’horticulture et de la pépinière». C’est lui qui ouvrira les lieux au public.

Depuis, le parc “Les Camellias de la Prairie” s’est encore agrandi et amélioré.

En avril 2007, il a été classé au conservatoire National des Collections Végétales Spécialisées “Collection agréée”.

Il est également le premier parc français a avoir été labellisé Bio Ecocert, l’engrais et l’herbicide y étant proscrits.

Le premier jardin thérapeutique du Gard a vu le jour en 2015.

Enfin, le rucher pédagogique, «issu d’un partenariat avec la ville d’Alès», est venu enrichir la visite.

Assurément, le Parc de la Prairie est plus qu’un simple coup d’œil. 

Il tient à la fois de la magie et de l’irréel tant les plantations se succèdent et s’étoffent mutuellement, déposant aux pieds des visiteurs d’avril des tapis de pétales colorés, déclinant leurs appellations sur de simples étiquettes derrière les haies  d’azalées et à l’ombre des grands arbres comme le tulipier de Virginie, le cerisier à fleurs roses, l’érable du Japon... Il faut garder à l’esprit, en effet, que si le camellia (notamment le sinensis) apprécie la terre acide bien drainée (voire la pouzzolane), qu’il craint aussi le froid et réclame un peu d’ombrage en période estivale, l’idéal étant une orientation ouest ou nord.

Aujourd’hui, l’entrée dans ce parc exceptionnel débute par le Cedrus Atlantica Pendula aux bras gigantesques qui, telle une pieuvre, semble happer le visiteur qui s’attarde parfois à l’heure du déjeuner dans la «clairière champêtre» où tables et bancs permettent un repas bercé par l’eau de la chute d’accueil.

La verdure explose aux regards tandis que le «jardin de thé» bichonne ses camellias avec une cueillette d’avril à octobre pour l’aboutissement du «Thé Alès», après déshydratation et séchage.

Thés : noir, fermenté et torréfié, blanc, rouge (Roiboss d’Afrique du Sud), vert... Et puis, sitôt dépassé les énormes meules de pierre du décor, le secteur horticole et ses variétés rempotées, c’est l’entrée dans un autre univers.

 

Il y a la famille : exemple Hamameli dacae, le genre : Liquidambar, puis l’espèce : styraciflua.

Tout cela pour un arbre immense au fût droit comme un i qui semble assurer sous ses ramures la protection des innombrables fleurs.

Celles d’automne : camellia Sasanqua, d’hiver : camellia Japonica, du printemps : azalée ou de l’été : l’hortensia et les autres : Comtessa Lavinia Maggi, Mathiotana Rubra (semblable à une rose, très rouge), Dosconide, Kenny, Margaret Davis, Elise, etc.

Il est impossible de les citer tous.

Tout un monde qui offre aux regards un foisonnement de coloris discrets, sous des tonnelles de verdure, près d’une Vénus aux amphores «enlierrée» version pudique, de bancs ou de chaises posées ici ou là... et se termine par une palissade  jaune de kerria Japonica ou corète du Japon.

Le Parc des Camellias, c’est un passage inoubliable de couleurs et de finesse, le trait d’un passé persistant pour un «dépaysement de proximité», une bouffée de sérénité dans un monde qui en a grand besoin...

 

* Tsubaki : veut dire pleureur, symbole de la longévité et du bonheur dans le langage floral

**Anecdote émouvante : si le buste de Madeleine trône, princier, sur une allée fleurie, c’est au moment où nous  le dépassions, que J.-C. Peyrot, dernier survivant de la famille, est venu y déposer délicatement une fleur de camellia.

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