Commémorations du 11 novembre
Le 11 novembre est sensé être le moment solennel, depuis 2012, de saluer la mémoire de tous les “Morts pour la France”, qu’ils soient militaires ou civils, des conflits qui ont suivi la “Grande Guerre”.
Mais à l'issue des cérémonies du 106e anniversaire de l'Armistice de 1918, de nombreux anciens combattants d'Algérie nous ont fait part de leur indignation : la guerre de ceux qui sont pourtant au premier rang devant tous les monuments aux Morts de France a été la grande oubliée des commémorations.
En effet, dans le message ministériel de Sébastien Lecornu, ministre des Armées, et de Jean-Louis Thiériot, ministre délégué auprès du ministre des Armées et des Anciens combattants, les guerres que la France a connues au cours du XXe siècle étaient ainsi évoquées :
«En cette année du 80e anniversaire de la Libération, souvenons-nous des soldats du commando Kieffer qui ont foulé les plages de Normandie le 6 juin 1944 ; souvenons-nous des soldats de la 1re armée de Lattre qui ont débarqué en Provence ; de ceux de la 2e division blindée du général Leclerc qui depuis le désert, à Kouffra, sont remontés jusqu’à Strasbourg pour la libérer et accomplir leur serment ; souvenons-nous des héros de la résistance intérieure, mais aussi du calvaire des incorporés de force d’Alsace-Moselle, souvenons-nous du courage des parachutistes de Dien Bien Phu, de celui des soldats qui se battent en opération extérieure et notamment ceux du Liban qui y défendent la paix depuis 1978 : comment ne pas voir que ces combattants ressemblent comme des frères aux Poilus de 1914 ?»
25.600 militaires morts en Algérie
On s'étonnera d'autant plus de cet oubli que, contrairement à la guerre d'Indochine (les parachutistes de Dien Bien Phu), qui a débouché sur celle du Vietnam puis à l'indépendance des actuels Cambodge, Laos et Vietnam, la guerre d'Algérie a nécessité le rappel de réservistes et surtout l'envoi d'appelés effectuant leur service militaire.
Les anciens d'Algérie ne ressemblent-ils pas eux aussi aux Poilus de 14 ? La guerre d'Algérie, certes appelée en son temps, doux euphémisme, “événements d'Algérie” ou encore “opérations de maintien de l'ordre”, n'a-t-elle pas nécessité, entre 1954 et 1962, l'envoi de plus d'1 million d'appelés ou de rappelés et de plus de 300.000 militaires d'active, dont 25.600 sont morts et 65.000 ont été blessés, auxquels s'ajoutent 50 à 100.000 Harkis — Algériens ayant pris le parti de la France — morts ou disparus. Et cela sans compter les victimes civiles.
Si c'est une omission, elle est maladroite. Par contre, si après plus de soixante ans, on cache encore la guerre d'Algérie sous le tapis d'on ne sait quelle repentance, n'est-il pas étrange de compter sur ses anciens combattants pour perpétrer, aux côtés des élus et des enfants des écoles, le Souvenir de tous les “Morts pour la France”, qu’ils soient militaires ou civils ? CQFD.
XP
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