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Chronique d'un voyageur espalionnais. Carnet de voyage : un an en Amérique latine (1)

Les chroniques. Le 15 novembre dernier, je me lançai avec mon amie dans une aventure qui me tenait à coeur : découvrir en auto-stop ce continent mythique qu'est l'Amérique du Sud. Deux mois se sont maintenant écoulés, et déjà bon nombre de rencontres et de paysages magnifiques ont illuminé notre périple. Cette chronique a pour but de résumer ce voyage, durant lequel, même au milieu de la pampa d'Argentine, on retrouve la solidarité et les valeurs aveyronnaises.

Chronique d'un voyageur espalionnais. Carnet de voyage : un an en Amérique latine (1)

São Paulo - Foz do Iguaçu

Mégalopole de 20 millions d'habitants, São Paulo est notre lieu d'arrivée. Gigantesque et grouillante d'activité, la ville n'est pas vraiment accueillante, et nous donne surtout envie de nous en éloigner pour retrouver des villes à l'échelle humaine.

Notre première destination, les célèbres chutes d'Iguaçu à quelque 1.000 km de là. Notre moyen de locomotion : l'auto-stop. Occasionnant des rencon-tres et des chemins atypiques, c'est notre mode de transport de prédilection. Et puis la gratuité n'est pas négligeable, soyons honnêtes !

Seulement, au Brésil, tout le monde nous met en garde devant le danger : deux Européens à la peau blanche sont une proie facile. Les images perçues dans les médias et les stéréotypes clignotent également dans nos esprits. Malgré tout, le pouce en l'air, nous nous lançons. Notre premier chauffeur, Gilson, camionneur depuis 15 ans, balaie d'un revers de main toutes nos craintes. Il nous offre successivement une glace, un café, puis la tambouille du midi ! Gentillesse incarnée, il prend même notre numéro pour s'assurer que nous arrivions à bon port. La journée se poursuit et les chauffeurs s'enchaînent, tous curieux, avenants et arrangeants. Nos préjugés s'envolent pour laisser place à une toute autre réalité : les Brésiliens sont accueillants et généreux.

Nous restons peu dans les premières villes que nous traversons, Curitiba et Joinville, demeurant principalement en auberge de jeunesse. Nous utilisons également Couchsurfing, un site Internet international d'entraide entre voyageurs qui permet d'héberger ou d'être hébergé gratuitement chez des habitants locaux. Ce site génial permet de rencontrer des personnes avides de partage et de découvrir leur ville à travers leurs yeux, et non pas comme un simple touriste. Une de nos hôtes nous a ainsi particulièrement bien reçus. À Porto União, ville frontalière entre deux États du Brésil, Selma nous a accueillis durant trois jours au sein de sa famille.

La ville en elle-même n'a pas d'attraits particuliers pour les touristes, donc très peu la visitent. Nous sommes les premiers à envoyer une demande Couch-surfing à Selma depuis... 11 ans ! Nous partageons avec ses trois filles et son mari la visite de la ville, des discussions autour d'une bière, et des dîners très festifs. Par hasard, la fête du village a lieu lorsque nous nous y trouvons. Nous nous y rendons avec Fernanda, la fille de Selma, et j'y retrouve l'ambiance des fêtes de village aveyronnaises : bière, musique et nourriture locale à foison. Les Brésiliens, il faut bien l'avouer, dansent cependant bien mieux que les Français...

Tous ces moments de partage sont intenses, c'est comme si on avait toujours connu Selma et sa famille. Il nous faut malgré tout reprendre la route. Nous arrivons à Foz do Iguaçu deux jours plus tard, notamment grâce à un militaire et un prêtre évangéliste, chez lequel nous partageons le repas de midi précédé d’un Bénédicité en portuguais : une situation pour le moins improbable ! Nous visitons les "Cataratas" durant deux jours, du côté brésilien puis argentin. Le décor est fantastique. Longues de plusieurs centaines de mètres, les chutes d'eau semblent ne jamais finir.

Du côté brésilien, on en a une vision panoramique, et on peut mesurer toute l'étendue de cette merveille naturelle. Du côté argentin, on déambule sur des passerelles au pied des chutes, et on en perçoit toute la puissance. Le point culminant demeure la fameuse "Garganta del diablo", où une énorme masse d'eau s'écoule, bouillonne, puis va s'écraser des mètres plus bas. On ne peut s'empêcher de se prendre en photo avec notre bout de carton : dire que c'est lui qui nous a menés jusqu'ici !

Iguaçu - Buenos Aires

Après Iguaçu, notre prochaine destination est Buenos Aires, la capitale de l'Argentine. On décide de s'y rendre en longeant la côte uruguayenne dont on a eu de très bons échos. Il nous faut d'abord rallier la frontière. Nous y arriverons en deux jours en effectuant une halte à Posadas (Argentine).

Alors que nous sommes en train de chercher un camping, une voiture s'arrête : Gustavo et Natalia nous ont vu marcher le long de la route avec nos sacs à dos. Après avoir fait connaissance, ils nous proposent de nous héberger pour la nuit. C'est une offre que l'on ne peut pas refuser. Aussitôt arrivés, nous partageons avec eux et leurs filles le traditionnel maté.

Infusion d'herbes amère, le maté est aux Argentins ce que le pain est aux Français, on en retrouve de toutes sortes, partout en Argentine, et il se consomme plusieurs fois par jour. Le moment du maté est surtout un moment de partage, puisque tout le monde boit dans le même "bol", avec la même paille. Devant notre intérêt pour cette tradition, Gustavo et Natalia nous offrent un très beau et ancien bol à maté pour que nous puissions également faire le nôtre : c’est une des nombreuses fois où des personnes nous ayant accueillis spontanément se montreront extrêmement genéreuses. C’est également une famille très “roots” chez laquelle, pour se doucher, il faut puiser l’eau du puits et la faire chauffer sur un feu avant de s’en asperger. Ensuite, nous rejoignons et passons deux semaines sur la côte d'Uruguay. Les plages sont magnifiques, et restent pour le moment coupées de l'urbanisation. Le soir, on peut donc observer un ciel splendide, illuminé de milliers d'étoiles. Parfois, la pleine Lune et les algues bioluminescentes viennent compléter ce jeu de lu-mières. Nous passons ainsi deux semaines formidables en Uruguay, à camper au pied de l'océan, tout en descendant en direction de Montevideo, et donc de Buenos Aires.

À Buenos Aires, nous retrouvons Andy. Argentine rencontrée lors d'une soirée en Uruguay, nous avons sympathisé et elle nous héberge quelques jours dans la capitale. Trois jours ne seront pas de trop pour visiter la ville, étalée sur plusieurs dizaines de kilomètres, chaque quartier ayant son histoire et ses particularités. Elle ressemble beaucoup à une capitale européenne.

Au bout de trois jours, nous la quittons pour retrouver une ville plus petite, mais toute aussi intéressante : Pigüé.

Pigüé

En arrivant dans cette petite ville de 15.000 habitants, je savais juste qu'elle avait été fondée par des Aveyronnais il y a plus d'un siècle, et qu'il existait toujours des liens entre l'Aveyron et Pigüé. En effet, mon grand-père [ndlr : Marcel Bonnaterre] s'y était rendu il y a une vingtaine d'années avec la Cabrette du Haut-Rouergue [ndlr : fin 1992] et je suis touché de marcher dans ses pas des années plus tard. Déjà, en arrivant à la ville les racines aveyronnaises se font sentir : je tombe sur le parc Saint-Côme et la rue de Rodez ! J'ai l'impression de revenir au país. Nous sommes très bien accueillis à Pigüé par Naldo et Liliane, quinquagénaires ayant été reçus plusieurs fois à Saint-Côme par mon grand-oncle [ndlr : Jacques Boscary]. Qu'il est étrange de découvrir dans leurs vieilles photos des lieux comme Aubrac, le Pont-Vieux d'Espalion, le château d'Estaing... J'ai fait part à Naldo de ma curiosité à propos de l'histoire de Pigüé, et il m'a préparé des rencontres avec des personnes pouvant m'éclairer. Je ne serai pas déçu.

Nous rencontrons tout d'abord le président de la fondation Pigüé qui œuvre pour le rapprochement entre la ville et l'Aveyron. Il nous montre des photos des fêtes de l'aligot, la machine pour faire le gâteau à la broche... tout ceci se déroulant ici-même ! Je signe bien volontiers dans son livre d'or, et lui laisse en cadeau l’exemplaire du Bulletin Espalion qui m'accompagne depuis le début du voyage, et qui s'en va orner sa vitrine en compagnie de tous les présents d'Aveyron : photos, médaille souvenir de la ville de Rodez, etc. C'est vraiment intéressant de voir comme sont toujours liés ces deux lieux pourtant si éloi-gnés.

La rencontre la plus passionnante reste tout de même celle avec Eva Issaly, petite-fille de François Issaly, fondateur, avec Clément Cabanettes et Eduardo Casey, de la ville de Pigüé en 1884. Elle m’explique le travail énorme qu’il a fallu fournir pour convaincre quelque quarante familles aveyronnaises de se rendre sur un continent à l'époque totalement étranger et quasi inconnu, afin d'y fonder une ville. Quel boulot que de contacter, coordonner, et mener tout ce beau monde (dont la plupart ne parlaient alors que le patois) à bon port ! Discuter avec elle, en parcourant le journal et les photos d'époque de son grand-père furent une grande chance et une découverte passionnante. Nous repartons de Pigüé le ventre et le cœur pleins, nous dirigeant maintenant vers une nouvelle destination, Ushuaia.

Rien d'autre que le bout du monde...

(à suivre, plus tard…).

Loïc

Galerie photos

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