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Espace Emploi Formatio. Une journée (ou plusieurs) sur l’Aubrac : RD52, la Route des Lacs

Les chroniques.

Espace Emploi Formatio. Une journée (ou plusieurs) sur l’Aubrac : RD52, la Route des Lacs

Située entre Nasbinals et l’autoroute A75, la Route des Lacs longe la ligne de crête qui marque la limite entre Lozère et Aveyron. Elle serpente entre des lacs d’origine glaciaire, enjambe le Bès, principal cours d’eau du plateau, et son affluent, le ruisseau des Plèches, et termine sa course d’altitude après le col de Bonnecombe, non loin du Signal du Mailhebiau, large croupe qui culmine à 1.469 m d’altitude. Elle passe par les Salces, non loin des Hermaux, où fut tourné en 1970 le film adapté du roman de Giono, Un Roi sans divertissement, qui met en scène l’Aubrac en hiver, avant de descendre vers l’autoroute. Au départ de Montgrousset, entre Nasbinals et Marchastel, la D52 passe aux abord de la cascade du Déroc, large cicatrice volcanique dans laquelle l’eau du petit lac des Salhiens tombe de 30 mètres dans un chaos d’orgues basaltiques. Un sentier pédestre permet d’accéder à la falaise, du haut de laquelle la vue à 360° est ponctuée en son centre par le piton de lave de Marchastel. À l’exception du parking aménagé en bord de route, le site, privé, est «dans son jus», c’est-à-dire qu’il n’est pas sécurisé et nécessite un minimum de prudence.

Petite chaussée des géants et lac mystérieux

On passe ensuite non loin des fermes des Salhiens et des Nègres, et le paysage de prairies est ponctué de conifères plantés dans les années 50-60 pour freiner la formation de congères. En hiver, le paysage peut changer instantanément, des murs de neige se former en quelques minutes et la vue se boucher à quelques mètres sous l’effet de la tourmente. À main droite une piste passe par lac Souveyrols : dans les « sagnes » tourbeuses qui l’entourent pousse le ligulaire de Sibérie, qui fleurit au mois d’août. C’est une de ces plantes dont l’Aubrac est riche, que l’on trouve habituellement dans les zones subarctiques du Nord de l’Europe. La route traverse maintenant les étendues vallonnées dans desquelles coule le ruisseau des Plèches, qu’elle franchit au pont des Nègres. L’endroit est fréquenté en été par les baigneurs : sous le pont, une étonnante série de bassins se succède en cascades, formées de chaussées d’orgues basaltiques patinées par les Plèches. Le lent et patient travail de l’eau leur a donné l’aspect d’un carrelage. L’eau y est très fraîche, même en été, et cette salle de bains naturelle est la digne petite sœur de la Chaussée des Géants irlandaise.

Quelques kilomètres plus loin, au Cap Combattut, où veille à 1.300 mètres d’altitude le buron rénové du même nom, une petite route dessert les deux plus «grands» lacs de l’Aubrac, Saint-Andéol avec ses airs de lac irlandais, et, tout au bout du chemin, le lac de Born (prononcez « bor »), plus discret, qui semble n’être là que pour la contemplation digestive des clients du buron du même nom. Revenons au lac de Saint-Andéol. Il est dominé par une grande croix de pierre plantée sur un promontoire. Lieu de culte antique, un temple s’y est élevé aux premiers siècles de notre ère, précédant une église ou une chapelle dont il ne reste rien. Une tradition de dévotion s’y attache depuis la protohistoire et les Celtes. Évoqué par Grégoire de Tours au VIe siècle, le culte païen lié au lac de Saint-Andéol a survécu à la christianisation. Jusqu’au début du XXe siècle, il fut l’objet d’un pèlerinage annuel au début juillet : des centaines, voire des milliers de personnes se rassemblaient sur ses rives, se baignaient, festoyaient et jetaient dans le lac des offrandes. Les mythes d’une ville ou d’un trésor engloutis dans les eaux de Saint-Andéol ont également perduré, et les archéologues, dont il a toujours éveillé la curiosité, évoquent «un site exceptionnel».

La nouvelle vie des burons

En continuant vers le col de Bonnecombe, après un virage bordé de hêtres, qui composent la forêt originelle du plateau, le puech de la Treille, sur la gauche, domine la route et le lac de Born. On y voit le mât de la Saint-Jean, fiché en son sommet, qui signifie que la “montagne” et le buron sont en activité. C’est aujourd’hui le seul. Au nombre de 300 en 1900, les burons étaient des fromageries d’altitude. Niché au cœur de sa “montagne”, le nom donné à chacune des estives, le buron était composé d’un rez-de-chaussée où l’on fabriquait le fromage, d’un étage en comble pour dormir, et d’une cave pour les fourmes. Une soute à cochons, nourris au petit lait, se tenait un peu à l’écart. Les buronniers, dirigés par le Cantalès, le “fromager”, étaient le Pastre, qui s’occupait du troupeau, le Bédélier des veaux et le Roul, souvent un enfant, sorte de mousse de ce navire qui naviguait immobile de la Saint-Urbain (25 mai) à la Saint-Géraud (13 octobre). Les montagnes accueillaient en estive les troupeaux de la Vallée du Lot ou du Causse Comtal, et l’on y fabriquait presque 1.000 tonnes de fromages et 50 de beurre. Les Parisiens originaires du Pays revenaient en été y faire des cures de petit-lait, on les appelait les “gaspejaïres” (de “gaspe”, petit-lait). Ils sont à l’origine des nombreux hôtels d’Aubrac.

Au milieu coule le Bès

Avant de parvenir au Col de Bonnecombe, à 1.350 mètres, on passe sur le Bès. Site prisé des pêcheurs à la mouche, le principal cours d’eau de l’Aubrac, qui prend sa source au Mailhebiau, n’est encore qu’un ruisseau. Il serpente en direction du Nord vers le Cantal, avant de creuser de belles gorges et de se jeter dans la Truyère. La route est ensuite bordée par un bel affleurement granitique : les blocs erratiques issus de la glaciation composent un paysage minéral que la bruyère adoucit. Au col de Bonnecombe, l’une des 5 stations nordiques de l’Aubrac (avec Brameloup, Laguiole, Nasbinals et Saint-Urcize), se trouve un agréable étang réservé à la pêche de loisir. Sur le Pesquio, petit cours d’eau, à quelques centaines de mètres, une cascade qu’on appelle le Saltou (« petit saut ») se cache dans un bosquet. Les Salces et Les Hermaux un peu plus bas sont deux villages typiques de l’Aubrac, et la route permet soit d’aller vers l’A75, soit de longer la bordure Sud du plateau par Trélans en direction de Prades d’Aubrac, Saint-Chély d’Aubrac ou Saint-Geniez d’Olt.

Ce n’est qu’une partie de l’Aubrac, qui compte de nombreux autres trésors. La visite de Nasbinals (Lozère), Saint-Urcize (Cantal), où Aubrac et Laguiole (Aveyron) vous emmènera vers d’autres découvertes, telle la petite station thermale de la Chaldette, ou celle un peu plus importante de Chaudes-Aigues. De nombreuses églises romanes, fontaines et maisons basses de granite et de basalte composent le décor des villages de l’Aubrac, cette montagne du «vertige horizontal». Et n’oubliez pas d’être prudents en été avec les troupeaux, et de respecter la nature !

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Encadrés

Le buron de la Treille

Introduite dans les années 70, la vache Simmental, montagnarde d’origine suisse, fournit actuellement la quasi-totalité du lait destiné au Laguiole AOP. Paradoxalement, cette mamelle de l’Aubrac a sauvé la race du même nom, qui a bien failli disparaître car piètre laitière, mais aujourd’hui en plein renouveau pour sa viande, au point d’avoir été la race à l’honneur au dernier Salon de l’Agriculture. La Laguiole est principalement produit par la Coopérative Jeune Montagne de Laguiole avec du lait collecté sur la zone Aubrac. Quelques fermes produisent un Laguiole qui bénéficie de l’appellation « fermier ». Au buron de la Treille, chez Jean-Paul Serres, dans un laboratoire modernisé, Ugo Diaz fabrique un fromage d’altitude (appellation « buron », plus de 1.000 mètres) issu de la traite effectué deux fois par jour Johan-Kevin Galtier au milieu des prairies, à l’aide d’une cabane de traite mobile, sur un troupeau de Simmental de deux élevages de Saint-Côme d’Olt.

Fromage, beurre et autres spécialités fromagères (burondelatreille@gmail.com, 06.86.35.62.69 / 06.85.69.90.16)

La Grange au Thé (d’Aubrac)

Sur le foirail de Nasbinals, découvrez les produits issu du calmant à grandes fleurs (calamintha grandiflora), communément appelé thé d’Aubrac, connu et utilisé en infusion par tous les habitants du pays, et réputé entre autres pour être un remède aux maux d’estomac. Des producteurs répartis sur le plateau se sont groupés, organisant une filière dotée d’une charte de qualité, en collaboration avec les lycées agricoles de St-Chély d’Apcher et de St-Flour. Poudre, feuilles, infusions, sirops, biscuits, caramels, cosmétique, etc. Sont vendus sous la marque de la Grange au Thé (lagrangeauthe.com).

Pêche à l’étang de Bonnecombe 

Pour passer un moment en famille, l’endroit, sous le col de Bonnecombe, est idéal. Arboré et fleuri, doté de pontons, d’espaces de repos et d’une buvette, l’Etang de Bonnecombe, propose la truite à 2,80€, les 4 à 10€ et les 8 à 19€. Location de cannes et appât 1€. Ouvert en mai et juin les week-ends, tous les jours en juillet et août de 10h à 18h.

Randonnée (photo pannonceaux GR60)

La star de l’Aubrac est le GR65, ou Via Podiensis, le Chemin de Saint-Jacques classé à l’Unesco, mais de nombreux autres sentiers le traversent. Ou restent en son sein, comme le GR de Pays des Monts d’Aubrac, qui propose plusieurs formules concentriques au cœur du plateau. Il croise et fait parfois un bout de chemin avec le GR65, le GR6, le Chemin de Saint-Guilhem et celui d’Urbain V. Le gîte des Rajals, non loin de la D52, en plein Aubrac, a servi de décor au film Saint-Jacques-La Marque. (Tour des Monts d’Aubrac, topo guide de la FFRP et de l’Adeca, l’Association de développement économique de l’Aubrac).

Accrobranche au Fer à Cheval 

À Nasbinals, Aventure Aubrac, à la Station du Fer à Cheval, est un parc aménagé d’activités nature en pratique autonome. Il propose des parcours adaptés selon les niveaux et les âges (à partir de 3 ans), avec jeux aériens, tyroliennes, chemins de passerelles, cabanes, perchoirs. Un service de location de VTT ainsi que des parcours équipé de modules en bois à partir de 7 ans. Aire de pique-nique, buvette et snack sur place.

Tél. 04.66.45.79.21 et nasbinals.com.

Le petit Versailles du Gévaudan

À Prinsuéjols, dans un cadre exceptionnel, le Château de la Baume est le fleuron de l'histoire locale d'une des baronnies les plus influentes du Gévaudan, celle de Peyre. Il a appartenu à Casimir Mayran, sénateur aveyronnais et personnage influent du second empire, dont les descendants, les de Las Cases, toujours propriétaire du château, ont consacré une pièce à leur ancêtre Emmanuel, le mémorialiste de Napoléon 1er. Intérieur richement décoré en meubles, boiseries, tapisseries et tableaux XVIIe-XVIIIe. Il y a même un gîte dans la ferme attenante, du XVIIIe siècle. Pour la petite histoire, la sœur de l’actuel propriétaire, Emmanuel de Las Cases, n’est autre que la sœur de Valéry Giscard d’Estaing, qui a lui-même acheté le château d’Estaing, sur la bordure opposée du plateau.

En juillet-août : ouvert tous les jours de 10h à 12h et de 14h à 18h (Tél. 04.66.32.51.59).

Terres d’Aubrac

L’Aubrac a même son magazine, édité par le Bulletin d’Espalion, hebdomadaire fondé en 1838, une fois par an. Il évoque de nombreux aspects méconnus du plateau et de ses habitants, de sa culture, de son patrimoine et sa gastronomie. Le prochain numéro doit paraître en septembre 2018 (5 numéros parus disponibles au 05.65.44.01.93 ou sur terresdaubrac.fr, 120 pages environ, 7€).

Festival Phot’Aubrac 

À Nasbinals, épicentre du phénomène, et dans un rayon d’une vingtaine de kilomètres, se déroule chaque année le festival Phot’Aubrac. Proteiforme, il propose rondos photos, et des dizaines d’expositions, dont certaines de photographes de très haut niveau, en plein air, dans les villages, dans des étables, des granges, etc.

Du 20 au 23 septembre (www.photaubrac.com).

Où se restaurer ?

On n’a que l’embarras du choix, et la plupart des restaurants vous serviront de l’aligot ou de la truffa de, ce mélange de pommes de terre et de tome fraîche. Vers Bonnecombe, le Relais des Lacs fera une excellente escale sur la Route des Lacs, ou encore l’Auberge du Radal, chalet montagnard en redescendant vers les Salces. Aux Hermaux, on appréciera l’accueil familiale et la table authentique de l’Hôtel-Restaurant Vergnet. Le buron de Cap Combattut et celui de Born, tenu par la famille Bastide, dans le secteur Saint-Andéol sont également d’excellentes adresses. À Montgros, la Maison de Rosalie est une bonne petite étape qui vous loge et vous nourrit aux petits soins. Entre Nasbinals et Malbouzon, en repartant vers Aumont, le buron du Che propose une belle grande salle panoramique, et Christian Bessière, le patron, après avoir préparé l’aligot, vous joue un air d’accordéon. Enfin, un coup de cœur particulier pour l’Auberge de la Tourre à Marchastel, où Magali et Alexandre vous régaleront de leurs confitures et charcuteries maison, de solides fondues de l’Aubrac et de plateaux de fromage à couper le souffle (attention, réservation conseillée (04.66.45.68.73).

Gîtes d’exception

Le buron de Cap Combattut, sur la route du lac de Saint-Andéol, est un véritable havre de paix remonté de ses ruines et transformé par Maïté Tichet en restaurant et chambres d’hôtes. Ses terrasses offrent des vues exceptionnelles et l’accueil par Maïté, également éleveuse d’Aubrac, est chaleureux (06.74.81.89.19 - www.buron-aubrac.fr). Un autre emplacement de rêve se trouve non loin du pont de Bouquincan, entre Montgrousset et Marchastel, à la Borie de l’Aubrac, en pleine « pampa », où Laurent et Patricia vous accueillent en chambres et tables d’hôtes d’un charme fou (04.66.45.76.97 - borie-aubrac.com).

Fermes équestres, location de VTT...

À Nasbinals, on peut louer des VTT électriques (Aubrac Électro Vélo, 06.08.87.81.44) ou monter à cheval à la ferme équestre des Monts d’Aubrac (www.equitation-aubrac-lozere.fr, 04.66.32.50.65). Un peu plus à l’Est à Antrenas, la ferme équestre et asinerie du Mazel propose également des gîtes en roulotte (www.ferme-equestre-asinerie-dumazel.fr).

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#tourisme #aubrac #lozere

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