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Mélomanie 3/3. Du CD au streaming en passant par le mp3 (collectionne-t-on encore la musique ?)

Les chroniques.

Mélomanie 3/3. Nous l'avons vu, le disque vinyle, sous les coups de boutoir de la cassette audio, puis du CD, disparaît des bacs en 1991. Il y est certes revenu depuis, mais de façon anecdotique, et aujourd'hui, les bacs sont de plus en plus virtuels, et c'est le disque compact, ex-futur support d'avenir, qui est sur la sellette ; son challenger, la musique dite “dématérialisée”, mp3 et “streaming” en tête, a révolutionné notre façon d'écouter la musique. Et de la posséder.

Mélomanie 3/3. Du CD au streaming en passant par le mp3 (collectionne-t-on encore la musique ?)

Aux États-Unis, la part des ventes de musique dite "numérique" est passée de-vant celle de musique sur support physique depuis 2011 ; au Royaume-Uni, la bascule s'est produite en 2012, alors qu'en France, la part de vente de musique dématérialisée est passée de moins de 20 % en 2011 à environ 28 % en 2013, présentant une hausse constante. La vente de musique, qui était en hausse constante en France, qu’il s’agisse de la musique numérique ou des CD et DVD musicaux, a néanmoins marqué le pas en ce début d’année 2013, alors que l’écoute en ligne (le “streaming”) progresse. Les difficultés rencontrées par la Fnac et la fin des magasins Virgin confirment cette tendance et sonnent le glas d'une époque.

C'est quoi la musique “dématérialisée” ? 

On emploie souvent le terme de “musique numérique” pour désigner les supports autres que “physiques”, tel le CD ou le disque vinyle, mais, dans la mesure où le CD contient déjà de la musique numérique, le terme de “dématérialisé” est plus approprié. La musique dématérialisée donc, apparaît à la fin des années 90 avec les premiers baladeurs numériques : ils permettent de stocker des fichiers musicaux, dont le format le plus populaire est le mp3 (d'autres formats existent, tels que WMA, AAC ou OGG, mais, pour simplifier, nous parlerons principalement de mp3). Ces fichiers mp3 sont également stockés dans l'ordinateur, sur lequel on peut les lire à l'aide d'un logiciel de lecture, l'un des premiers et le plus répandu étant iTunes, de la marque Apple.

Les mp3 proviennent d'abord tout simplement des CD, importés par l'utilisateur dans son ordinateur et pouvant être copiés sur un baladeur. On les trouve également en téléchargement sur internet. Même s'ils sont “invisibles”, ce sont tout de même des fichiers, qui doivent être physiquement présents dans votre matériel de lecture.

Le streaming, lui, s'est développé avec les connexions internet : ce mot anglais qui vient de stream (“courant”, “flux”) désigne un mode d'écoute de musique en continu, via une connexion internet ou téléphonique, les fichiers musicaux étant stockés ailleurs que chez l'utilisateur. Le fournisseur de musique “en ligne” le plus connu est deezer : on y écoute la musique de son choix sans posséder les fichiers chez soi, en version gratuite limitée dans le temps, ou à volonté à condition d'être abonné.

iPod et iTunes révolutionnent le marché de la musique 

20 ans après l'invention du fameux Walkman par Sony, c'est Apple qui lance son baladeur mp3 dans la mare : l'iPod, désormais célèbre, est né en 2001. Les premiers lecteurs mp3, dont il fait partie, sont alors équipés d'un mini disque dur, et peuvent embarquer une trentaine d'albums ! Les premiers modèles, présentés en même temps que le lecteur iTunes, ne sont compatibles qu'avec les ordinateurs Macintosh. C'est en 2003 que la firme de Steve Jobs rend l'application iTunes compatible avec les PC équipés de Windows. C'est le début de la révolution, iTunes étant prévu pour lire la musique, la transférer sur le baladeur, mais également, et surtout, pour acheter des fichiers mp3.

Les iPods vont évoluer rapidement, bien entendu : la molette cliquable devient tactile, l'écran à cristaux liquides devient écran couleur, puis tactile lui aussi, le format se réduit et le système de mémoire passe du petit disque dur à la mémoire dite “flash”. S’il s'agit ici de parler de musique, précisons tout de même que les baladeurs mp3 embarquent également de la vidéo.

Téléphone, tablettes tactiles, etc. : le marché de la musique se dématérialise

L'évolution ces dernières années, c'est le téléphone portable qui fait aussi baladeur mp3 et se connecte à internet, puis bien entendu les tablettes tactiles, dont le fameux iPad de chez Apple (encore), hybride d'ordinateur portable et de smartphone. Avec un tel matériel, la vente légale de musique sur internet, principalement de fichiers mp3, va littéralement exploser à partir de 2010, après une période de flottement due à l'échange et au piratage de fichiers. Alors que c'était d'abord la vente de CD sur internet qui avait commencé de faire du tort aux grandes surfaces culturelles (Virgin megastore, la Fnac, qui avaient elles-mêmes enterré les petits disquaires), c'est aujourd'hui la vente en ligne, ou l'écoute directe (streaming) qui enfonce le clou. En terme de prix de vente, alors qu'un CD coûtait en moyenne une quinzaine d'euros au début des années 2010, le même album en mp3 revenait à un peu moins de 10 euros.

Le streaming et les clouds, supports de demain ?

On ne peut bien entendu pas faire de projection sur les supports de stockage de musique de demain, mais on peut dire qu'ils ne se ressemblent pas, et se suivent de plus en plus vite. Certains ne croyaient pas à l'avenir du CD face au disque vinyle, or le CD a supplanté le vinyle en 10 ans. Le fichier mp3 lui-même, après moins de 15 ans d'existence, et même s'il est encore dans une phase de progression, est battu en brèche par l'écoute en streaming. Une chose est certaine, c'est que la technologie sert de moteur à l'industrie musicale : le fait d'avoir tous nos équipements reliés les uns aux autres (téléphone, ordinateur, baladeur, écrans divers, tablette...) favorise l'utilisation du streaming, c'est-à-dire du stockage des fichiers quelque part, et de leur écoute à distance. À l'heure actuelle, un compromis se dégage, entre autres sur le site Amazon, qui propose un cloud (“nuage”, en anglais, terme employé pour désigner un espace de stockage personnel sur internet) dans lequel stocker ses fichiers, ainsi qu'un lecteur accessible depuis n'importe quel ordinateur, tablette ou smartphone. Rendez-vous dans quelques années pour en reparler.

XP

À lire également : Du CD au vinyle, retour vers le futur ! (Et le vinyle est toujours vivant !)

ENCADRÉ

Peut-on encore collectionner la musique ?

Les amateurs de vinyles étaient les premiers à dire qu’ils n’auraient pas le même rapport à l’objet CD, car plus pe-tit et moins “beau”. L’avenir les a confortés dans cette position, puisque le 33 tours, nous l’avons vu la semaine dernière, fait son retour, au moins pour les collectionneurs.

Ceux qui ont surtout connu le compact-disc ont constitué avec ce dernier de véritables collections également. Et certains juraient leurs grands dieux qu’ils ne pourraient jamais se résoudre à acheter des fichiers mp3 en lieu et place de leurs chers disques.

Car le CD, qui a remplacé le disque vinyle en tant que support, l’a également remplacé comme objet : la banale boîte plastique contenant un livret de quelques pages s’est très vite déclinée, tant au niveau du format que du contenu.

Le CD lui-même a rapidement arboré des sérigraphies, des couleurs, et les designers s’en sont emparé dès la fin des années 80 avec plus de créativité encore que ce qui avait été fait avec le vinyle.

Pour ma part, j’ai collectionné les compact-discs pendant une quinzaine d’années avant de les stocker, à partir de 2001, sur mon ordinateur, sous forme de mp3. Ces mp3, au fil du temps, ont remplacé les disques, par l’écoute directe sur le PC, sur un baladeur mp3, ou par la gravure de compilations sur CD.

Ces mp3, qui n’ont pas de consistance physique, sont matérialisés visuellement à l’écran : on peut leur attribuer des images (en général la pochette de l’album), et les classer avec plus ou moins de soin, et c’est là que commence la collection. Mes fichiers mp3 comportent tous les renseignements possibles et imaginables : ça commence par le titre et le nom de l’auteur, l’année de parution, mais ça va également jusqu’aux noms des musiciens, à des commentaires sur la provenance (achat ou copie d’un CD, version japonaise ou européenne...).

On peut donc avoir été collectionneur de CD et devenir collectionneur de fichiers, ce qui change, c’est la façon d’écouter la musique : la possiblité de créer des listes de lecture à volonté, selon l’humeur du moment ou les circonstances de l’écoute (travail, repos, soirée entre amis ou en famille), n’empêche pas ceux qui le souhaitent d’écouter leurs albums “à l’ancienne”.

Dernière évolution en date concernant le mp3, c’est la question de la revente des fichiers “d’occasion”, comme pour un disque, vinyle ou compact ! En fait, avec le développement du streaming, on assiste peut-être à la première véritable dématérialisation de la musique : c’est le fait même de “posséder” la musique qui est remis en question.

Deviendrons-nous de simples locataires de la musique que nous écoutons ?

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