Il y a trente ans, le mur de Berlin s’écroulait, entraînant avec lui quelques années plus tard l’URSS. De nombreux reportages sont venus nous rappeler ce qu’étaient ce mur, Berlin-Ouest, Berlin-Est et la Guerre froide. Bernard Boudon a eu l’occasion d’observer tout cela de ses propres yeux en 1972.
Le village d’Espinasse est aux confins de l’Aubrac, côté Cantal du territoire du Parc Naturel Régional. Une île basaltique cernée par les schistes et surplombant la vallée de la Truyère.
Bernard Boudon et sa femme Marie-Claude sont revenus au village pour la retraite. La vue depuis le bureau au premier étage de la maison n’est pas commune : . Un panorama qui pousse à la contemplation. Et assurément Bernard est quelqu’un qui prend le temps d’observer, de photographier et de dessiner. Nombreux sont ceux qui connaissent ces dessins de burons ou de vaches. Plus secrète est sa passion pour la botanique et les papillons. Spécialiste de la biodiversité locale, il apprécie autant les raretés venues des âges glaciaires que la nature “ordinaire” de son jardin.
Mais ce contemplatif est aussi un homme d’actions et de voyages. Durant sa vie, il a saisi chaque opportunité pour aller voir ailleurs. À commencer par l’armée, qui lui a donné la chance de découvrir l’Allemagne… jusqu’à Berlin Est !
. Pas décidé à perdre son temps, Bernard retourne travailler à Chaudes-Aigues à la scierie de son père créée en 1953. Rapidement il part pour quelques mois chez un oncle à Paris, rue Pernety, dans le XIV arrondissement. Là, il travaille comme bougnat, livre du charbon et du fioul.
Puis, décidé à mettre à profit cette période de transition, il devance l’appel. Ce sera l’Allemagne et le XIII régiment du génie de Trèves, ville frontalière du Luxembourg. En 1971, il y apprendra à piloter des engins peu communs : des camions flottants amphibies, les fameux ponts Gillois, imaginés par le lieutenant du même nom. Ces engins, assemblés sur l’eau, permettaient de créer un pont en quelques minutes ou une portière (barge). Bernard aura l’occasion de naviguer sur le Rhône, l’Isère, La Moselle et le Rhin. Les conducteurs de ponts Gillois recevaient le titre officieux de “Seigneur du régiment” ! Lors de ces douze mois outre-Rhin, Bernard Boudon est choisi avec un autre appelé de son contingent pour un voyage d’une semaine comprenant plusieurs journées à l’Est.
Il semble, contrairement à ce que l’on peut penser aujourd’hui, que les passages étaient possibles d’un côté à l’autre de Berlin, notamment pendant la période dite de “détente”. Les contraintes administratives étaient importantes mais les habitants de l’Ouest pouvaient se rendre à l’Est. L’inverse était également possible mais demandait une abnégation sans faille pour satisfaire à toutes les contraintes et passer le cap d’une administration qui délivrait les autorisations selon son bon vouloir. Évidemment, une nuit à Berlin-Est n’était pas possible.
Ainsi, Bernard Boudon a pu se rendre à l’Est. Pour lui, aucun doute : . En effet il garde certaines images de l’Est assez caractéristiques : de grandes avenues aux hauts immeubles, mais très peu de voitures, peu de commerces et des files d’attente à l’extérieur. Il y avait aussi beaucoup de drapeaux aux fenêtres. Un détail l’a particulièrement marqué. Se promenant en uniforme de l’armée française, les Berlinois de l’Est avaient tendance à tourner la tête en les croisant.
Le contraste entre les deux Berlin était saisissant. Si la partie Est était conforme aux représentations du jeune homme avec ses rues vides et ses files d’attente devant les commerces, Berlin-Ouest était également étonnante. En effet, le bloc de l’Ouest se servait de cette enclave occidentale au cœur de la RDA comme d’une vitrine. Berlin-Ouest, dopée économiquement, devait incarner la supériorité des idéaux occidentaux.
Chaque soldat de ce drôle de voyage organisé devait rédiger un rapport à son retour, mais certainement que l’armée française espérait que chacun témoignerait longtemps de la supériorité de l’Ouest sur l’Est.
Bernard Boudon n’est jamais retourné à Berlin. Peut-être un jour... Mais pour l’heure, il replonge dans ses livres naturalistes en attendant le retour des beaux jours, des fleurs et des papillons !FP
Berlin, la Porte de Brandebourg, au cœur de la ville, vue de l’Est. Le Mur passait juste derrière, coupant en deux la plus grande artère berlinoise, Unter den Linden (“Sous les Tilleuls”), qui étaient un peu les Champs-Élysées allemands.
Plateforme d’observation sur la Bernauer Strasse, à la fin du secteur français, en 1986. On distingue le trottoir et les pavés d’une rue coupée en deux en 1961 par le Mur.
Espinasse. D'Espinasse à Berlin Ouest et Est
Publié le 26/12/2019 à 00h00
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