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Les “gros mot” de Jean-Paul Pelras. Diversion !

Actualité. Les “gros mot” de Jean-Paul Pelras : cette semaine, “Diversion !”

Les “gros mot” de Jean-Paul Pelras. Diversion !

Au cas où l’information vous aurait échappé, il a fait froid en France la semaine dernière. Et les journaux télévisés ont diffusé en boucle les images insoutenables de ces «refugiés», de ces «naufragés» bloqués sur une route ou consignés à leur domicile car 2 (ou 10) centimètres de poudreuse les empêchait de se déplacer, de se rendre à leur travail, à l’école, aux “commissions”, sur le trottoir d’en face, chez le médecin ou dans les administrations.

Insupportable vision que celles de ce retraité obligé de s’éclairer au candélabre ou d’allumer sa cheminée car privé d’électricité. Tout autant inquiétantes les révélations de cette dame (gros plan sur les yeux rougis par le chagrin et la fatigue) obligée d’acheter une lampe, des allumettes, des piles, des bougies…

Pendant 3 jours et plusieurs fois par jour, des chaines indépendantes à celles du service public, entre deux réclames nous invitant à acheter des voitures électriques pour lutter contre le réchauffement climatique, nous avons eu droit à une multitude de séquences moyenâgeuses et, osons le terme, cucul la praline. De celles où, dans le clair-obscur et l’ambiance douce-amère des cuisines et des salles à manger, le téléspectateur visitait l’intimité de ses concitoyens équipés d’écharpes et de charentaises, grelotant devant une bouilloire ou essayant en vain de lire leurs journaux derrière une fenêtre donnant sur la vacuité du petit matin.

Pendant ce temps, oui pendant ce temps, relayée à la 20e minute (ou tout simplement non évoquée) une information nous apprend que Poutine brandit à nouveau le spectre d’un conflit mondial adossé à quelques menaces nucléarisées.

Il existe, dans le milieu des journalistes, une expression qui s’intitule “le mort kilométrique”, principalement usitée par les faits-diversiers, qui s’applique à la Loi de proximité. Une hiérarchisation du désastre qui peut être géographique, temporelle, affective ou sociétale. Ou comment, en utilisant le biais médiatique, ceux qui canalisent, calibrent, choisissent et ordonnent l’actualité peuvent rendre plus important le témoignage d’un individu larmoyant à côté de chez vous dans ses pantoufles que celles d’un dictateur capable, à 3.000 kilomètres de là, de vitrifier tout ce qui respire ici-bas. Bien que, pour cette occurrence et considérant les propos tenus par Biden et, entres autres dirigeant occidentaux, Macron, nous ayons ici affaire à une altération médiatique du discernement, autrement dit à cette analyse incapable de dissocier le lard du cochon. Comprenez l’esbrouffe de la réalité, l’illusion de la véracité…

Les faits étant ce qu’ils sont et la géopolitique se chargeant de les amplifier ou de les minorer, nous consommons, ingurgitons et digérons des informations qui s’apaisent et se réactivent, quand... le fait divers fait diversion ! Et ce, sans que nous puissions en mesurer (pour l’instant...) les causes et les conséquences. Manipulés diront certains, orientés diront les autres, «fatigués par toutes ces histoires» ou tout simplement resignés avoueront ceux qui, devant leur feu de cheminée, savourent ces rares instants où ils sont privés de télévision quand l’électricité vient à manquer !

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