Sur la page Facebook, les marcheurs exposent leurs premières trouvailles, des petites pierres peintes uniquement en rouge et en blanc qu’ils ont découvertes sur leur camino. C’est Benoit Blein, artiste plasticien qui a coordonné le projet esthétique “Trouve mon galet Saint-Jacques” sur la demande de l’association “Sur les Pas de Saint-Jacques”.
Les motifs géométriques font écho à ce qu’on peut «retrouver dans les églises romanes qui jalonnent le chemin. Ils sont compréhensibles par tous et ils ramènent aux premières traces laissées par l’homme sur les mégalithes», explique le plasticien lors de la présentation du projet avec l’association, le mercredi 1er juin à Estaing. Le peintre a d’ailleurs imposé le rouge et le blanc sur les galets. Des couleurs évoquant le marquage du sentier de Saint-Jacques pour «rendre hommage aux baliseurs qui sont des bénévoles», mais aussi pour conserver une unité. Les pigments écarlates et immaculés ont également pour mission d’attirer l’attention et d’être ramassés par les marcheurs.
Un hommage à l’hospitalité
Mais comment est né ce projet ? C’est lors de l’assemblée générale, le 13 novembre 2021 que l’idée est apparue. «Nous voulions donner du sens au chemin et créer un lien entre les habitants et les marcheurs notamment après ces années Covid», relate Marguerite Salles, responsable de cette opération. L’association s’est inspirée d’une mode venue d’Écosse au printemps 2021 pour se l’approprier. C’est le “Love on the rocks” (l’amour sur les pierres). Le but est de décorer des galets et de les cacher pour qu’ils soient ensuite retrouvés et partagés sur les réseaux sociaux. Depuis, des pages Facebook ont émergé dans de nombreux départements français pour diffuser les différentes trouvailles.
Mais ici, plus qu’une chasse au trésor, l’objectif est qu’un maximum de cailloux atteigne Santiago grâce aux randonneurs. «Nous déposons les pierres à partir du 1er juin, car il faut 60 jours depuis Le Puy-en-Velay pour se rendre à Saint-Jacques de Compostelle et ainsi arriver pour la fête de l’apôtre. Le but est que le galet soit ramassé par les marcheurs et qu'ils le transportent avec eux. Cela peut-être de l’ordre de 100 mètres, d’une étape, d’une semaine puis ils posent le caillou», détaille Marguerite.
Un groupe Facebook
Mais attention, pas n’importe où et pas n’importe comment ! Les randonneurs doivent prendre en photo le galet dans l’endroit où ils l’ont déposé. Par la suite, ils partagent leur cliché sur la page Facebook ou Instagram dédiée à cette activité (#Trou veMonGaletStJacques) pour que le caillou puisse continuer d’avancer. Les réseaux sociaux permettent aussi aux participants de suivre l’épopée de leurs créations.
Car ce sont plus de 150 bénévoles, âgés de dix à cent ans qui se sont mobilisés pour peindre les 868 pierres à travers sept ateliers. Un chiffre symbolique, faisant référence au bien 868 de la liste du patrimoine mondial de l’Unesco soit la via Podiensis. Certains volontaires, issus des 31 communes traversées par le chemin, ont rédigé des intentions, 66, que Benoit présente chaque jour sur les réseaux sociaux avec une photo du galet.
Pour ancrer davantage cette opération dans le territoire, l’organisation a souhaité reproduire par transfert décalcomanie des éléments patrimoniaux emblématiques du GR65 entre le Puy-en-Velay jusqu’à Livinhac-le-Haut. Ces esquisses réalisées par Benoit dépeignent Estaing, Aubrac ou encore Saint-Côme d’Olt sur le côté pile du galet. Pour amener les pierres sur le camino, l’association a formé des «brigades de poseurs pour semer des galets sur le chemin et qu’ils puissent entamer leur aventure», sourit Jean-Claude Anglars, président de l’association.
Lorsque les galets auront atteint les «derniers 100 kilomètres avant l’arrivée, les consignes pour le dépôt des pierres à Compostelle seront révélées», certifie Marguerite. Des évènements inauguraux auront encore lieu cette semaine, notamment à Nasbinals, le vendredi 10 juin à 17h devant la mairie pour venir contempler les galets avant qu’ils commencent leur périple pour Santiago.
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