Monsieur le Président,
Au regard du contexte, avec les secteurs de l’industrie, de l’énergie et de l’armement, celui de l’agriculture française doit être considéré, à nouveau, comme prioritaire. Les événements sanitaires et désormais le conflit ukrainien révèlent, comme jamais depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, tous les enjeux humanitaires, économiques et géostratégiques que représente notre capacité à maintenir, coûte que coûte, notre autonomie alimentaire.
Notre agriculture doit, à ce titre, pouvoir compter sur un soutien sans faille de la part de votre gouvernement et de l’Union européenne que vous présidez actuellement. Une Europe qui doit se ressaisir et abandonner tout gadget inutile susceptible d’affaiblir à la fois notre compétitivité et notre productivité. Je pense bien évidemment au programme Farm to fork qui prône, à très court terme, une réduction des intrants et une augmentation imposée des cultures bio. Les notions de pouvoir d’achat et d’agronomie échappent, à ce propos, complètement à la rationalité des technocrates bruxellois. Le suivisme environnementaliste ne doit plus dicter ses caprices aux acteurs économiques mais, à partir de maintenant, s’adapter, s’il en est encore capable, aux impératifs géopolitiques.
Tout comme en France, Monsieur le Président, le ministère de l’Agriculture doit retrouver sa place qui était la sienne voici deux décennies. C’est celui de l’environnement qui doit lui rendre des comptes et non l’inverse, si l’on considère le désastre économique et sociétal qu’est en train de susciter l’acharnement des écologistes à l’encontre du monde paysan. Les résultats sont là, avec 100.000 agriculteurs définitivement sortis des radars en 10 ans. Avec, sur la balance du commerce extérieur, un déficit agricole historique avoisinant 22 milliards d’euros et un risque de dépendance accru aux importations.
Nos campagnes en ont assez de ces donneurs de leçons qui ne savent de l’outil ni l’usage, ni le prix, qui imposent leurs dogmes coercitifs et leurs contraintes administratives, car ils obéissent à la médiatisation decertaines tendances politiquement correctes.
Notre agriculture n’est pas celle des coquelicots. Elle est celle qui remplit nos buffets et nos frigos. Elle est, de surcroit, celle qui a fait l’effort de devenir l’une des plus vertueuses au monde. Si nous voulons qu’elle retrouve sa place sur l’échiquier planétaire, il faut la laisser travailler. Autrement dit la laisser protéger, amender, conduire, irriguer et entretenir ses cultures avec la technicité dont elle dispose et non lui imposer le retour au désherbage manuel et au cheval de trait. Il faut arrêter de penser que l’on peut concilier décroissance, idéologie et économie. Il faut arrêter de jouer à la dînette avec des professionnels qui connaissent leurs métiers, qui luttent contre les éléments, contre les ravageurs, contre les prédateurs, contre les maladies.
Tout comme l’Europe doit désormais reconsidérer et réorienter ses soutiens en faveur des secteurs qui sont impactés à la fois par la hausse des matières premières et par celle des compétitions déloyales. Je pense notamment aux secteurs fruitiers, légumiers, viticoles, avicoles et à celui de l’élevage qui va devoir faire face à la flambée des cours des céréales suscitée, entre autres, par le conflit actuel. Les dispositions, datant pour certaines de 1957 et du Traité de Rome, ne sont plus adaptées à l’équité des aides consenties et doivent être revues sans délai pour insuffler une convergence digne de ce nom entre secteurs d’activités. Soutien et respect, c’est ce que la France doit désormais à ses agriculteurs. Si elle ne veut pas, d’ici quelques mois, dépendre sur le plan alimentaire des greniers, des prés, des champs et du prix à payer imposé par un dictateur.
Bien respectueusement.
Cette lettre ouverte fut publiée sous forme de tribune dans le journal Le Point dimanche 27 février 2022.
Les correspondances de Jean-Paul Pelras. Lettre à Emmanuel Macron : l’Agriculture Française doit redevenir, sans délai, une priorité nationale
Publié le 03/03/2022 à 00h00
En direct
- 06h46“Un des meilleurs apprentis de France”. Un jeune Espalionnais finaliste du concours national
- 06h33Monarchie. Vive le Roi !
- 06h33Santé. Sucre
- 06h33Maires Ruraux de l'Aveyron. Christophe Bernié, de Bertholène, succède à Pierre Pantanella
- 06h32Religion. Tressaillez de joie
- 06h32Panorama. Les brèves de la semaine
- 06h32Tribune libre. Halte à la multiplication des expulsions !
- 06h32Préfecture de l'Aveyron. Véronique Ortet, nouvelle secrétaire générale
- 06h32Jumelage Espalion-Tauste. La Ville et le Bulletin d'Espalion mis à l'honneur par Victor Angoy Sancho
- 06h32Syndicat de défense et de promotion du Laguiole AOP. 51 appellations de fromages, beurres et crèmes réunis à Laguiole
- 06h32Élevage. Les louvetiers aux aguets sur le Larzac
- 06h32Diocèse de Rodez et de Vabres. Mgr Luc Meyer conjugue, avec bonheur, le verbe “accueillir” au cœur de l'église aveyronnaise
- 06h31Les correspondances de Jean-Paul PELRAS. Lettre à l’acteur Pierre Niney à propos du glyphosate
- 06h30Handez vivez, bougez, en Nord Aveyron !. Seniors, participez à des séances de Handfit pour être en pleine forme
- 06h30Quine musical, concerts, duels de piano.... Le Festival Blues en Aveyron est de retour
- 06h30Aveyron. Le préfet fait un point étape sur les dossiers en cours
- 06h30Octobre Rose. Cancer du sein : les défis persistants du dépistage
- 21/09Aveyron. La culture, une priorité départementale aveyronnaise
- 21/09Parc naturel régional de l’Aubrac. Préserver le flûteau nageant à l'Étang de la Moulette
- 21/09Rentrée scolaire. Titeuf s'invite à l'école
Les plus lus
- 1 -Apéro trail d’Espalion. 400 participants pour la première édition
- 2 -Pas’APA 12. L’activité physique pour tous
- 3 -Rentrée scolaire. Titeuf s'invite à l'école
- 4 -Phot’Aubrac. Une nouvelle édition ambitieuse : près de 70 expositions à découvrir
- 5 -Entraygues-sur-Truyère. Entraygues-sur-Truyère, son histoire jusqu’à la deuxième partie du XIIIe siècle
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.