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Pêche & environnement. La pêche du brochet aux gros leurres

Pêche. "Gros leurres, gros brochets", dit un vieil adage, qui sans être une règle absolue, se vérifie souvent. Partant de ce principe, la pêche du brochet avec de gros, voire de très gros leurres dits “bigbaits” a commencé à prendre son essor chez nous il y a une dizaine d’années. Elle est désormais devenue une pratique courante auprès d’une catégorie de pêcheurs qui s’y adonnent régulièrement afin de rechercher les poissons trophées.

Pêche & environnement. La pêche du brochet aux gros leurres
À gauche, un leurre de taille classique, et des gros leurres.

Néanmoins, la recherche des gros brochets avec ce type de leurres impose des contraintes : d’abord, celle d’accepter d’avoir moins de touches et évidemment moins de prises que si l’on recherche les brochets tout-venant avec des leurres de plus petites tailles. Celle ensuite d’accepter quelques bredouilles avant de séduire enfin un beau spécimen proche ou dépassant le mètre.
Notre département compte plusieurs lacs de barrage où le brochet trouve de bonnes conditions pour prospérer. Dans le Nord-Aveyron, c’est le cas entre autres des lacs de Sarrans, et de Maury. Plus au centre, les lacs de Pareloup et de Pont-de-Salars abritent aussi quelques beaux sujets ainsi que les lacs de Golinhac et de Castelnau-Lassouts-Lous, dans une moindre mesure.

Les bonnes périodes

La recherche de ces gros sujets est souvent plus facile en début de saison, lors de l’ouverture spécifique du brochet qui a lieu vers la fin du mois d’avril.
A cette période post-fraie, quelques gros spécimens peuvent encore se trouver proches des bordures où ils sont venus se reproduire, se tenant à l’affût dans le couvert d’une végétation immergée : herbiers, arbustes, etc. Comme c’est le cas entre autres à Pareloup, lorsque le niveau du lac est à une cote élevée.
Il faut en profiter, parce que, plus tard, ces gros sujets iront s’embusquer plus au large et en profondeur dans les zones de pleine eau pour trouver plus de tranquillité et des grosses proies à leur mesure, ce qui rendra leurs tenues plus difficiles à déceler. Dans ces grands espaces sans véritables repères visuels, c’est l’électronique — écho-sondeur et GPS — qui viendra à notre secours pour découvrir les secteurs propices à la tenue de ces poissons : cassures abruptes, structures rocheuses, arbres noyés, plateaux, hauts fonds, etc.

Les leurres en question

En matière de bigbaits, on distingue deux grandes catégories, les swimbaits et lesjerkbaits.
Les swimbaits sont des leurres conçus pour nager seul lors d’une simple récupération linéaire en lancer-ramener. Ils peuvent être des leurres souples ou des leurres durs, voire mixtes et parfois articulés. On les emploie avec des cannes plus souples et généralement plus longues (de 2,30 à 2,70 m) que celles utilisées pour les jerkbaits.
Les gros jerkbaits, sans bavette, le plus souvent inspirés de leurres scandinaves, de-mandent à être animés. Pour ce faire on utilise des cannes plus courtes — 1,90 m à 2,10 m — et d’action plus rapide que les précédentes.

Les cannes pour bigbaits

On ne lance pas des leurres de 50 à 80 grammes, parfois de plus de 200 g, avec le même matériel que pour des leurres classiques de 10 à 25 grammes.
La canne doit être assez puissante pour pouvoir maîtriser un vrai gros, mais surtout pour pouvoir lancer ces leurres lourds à bonnedistance.
Certains adeptes des très gros leurres pratiquent avec des cannes ultra-puissantes, parfois au-delà de 200 g de puissance.
Toutefois, lancer de tels leurres à longueur de journée n’est guère confortable et peut vite devenir éprouvant pour les épaules, aussi, on peut s’en tenir à des cannes moins puissantes.
C’est le compromis que j’ai personnellement choisi et que je préconise avec des puis-sances en deçà de 100 grammes, afin de lancer des leurres de tailles, disons, médium correspondants à cette puissance et qui suffisent à prendre des brochets de taille respectable.

Moulinets, spinning ou casting ?

S’il est possible de se servir d’un moulinet à tambour fixe, pour une question de confort, il est préférable d’utiliser un moulinet à tambour tournant qui sera mieux adapté pour ces pêches lourdes.
En effet, un moulinet à tambour tournant encaissera beaucoup mieux les contraintes imposées par les lancers et les récupérations répétées de leurres lourds qu’un moulinet à tambour fixe dont les roulements risquent de pâtir à courte échéance.

La taille des moulinets

Si toutefois vous optez pour le spinning, pour plus de robustesse il faudra choisir un modèle en taille 4.000, certains moulinets pour le silure conviennent bien.
Si votre choix, plus rationnel, se porte sur un moulinet casting, sachez qu’aujourd’hui, la plupart des fabricants proposent des modèles “spécial bigbait” avec des axes et des roulements renforcés. Adaptés aux gros leurres, ils sont capables de lancer jusqu’à 200 g voire plus, sans broncher.

La ligne

Avec des gros leurres, la discrétion n’est pas prioritaire. La forte résistance de la tresse sera surtout destinée à éviter les risques de claquage lors des lancers pouvant entraîner la perte d’un de ces gros leurres qui par ailleurs sont onéreux à l’achat.
Selon la taille et surtout le poids des leurres employés, les moulinets seront donc remplis avec une tresse allant de 20/100 à 30/100 pour une résistance de 20 kg minimum, et pouvant aller jusqu’à 30 kg.
Une tresse en 4 brins, moins chère à l’achat, peut suffire. Toutefois, une 8 brins sera plus silencieuse et fendra mieux l’eau lorsqu’il va s’agir de pêcher profond. Une tresse bicolore peut s’avérer intéressante pour une bonne visualisation de son point d’immersion, ce qui sert quelquefois à déceler la touche.

Le bas de ligne terminal

Il revêt une importance capitale, puisqu’il doit pouvoir supporter les contraintes imposées par un gros leurre tout en gardant une certaine souplesse pour ne pas trop en contrarier la nage. Il doit également résister aux rushs et aux dents des brochets.
On choisira donc un bas de ligne d’une résistance comprise entre 9 et 15 kg et d’une longueur de 30 à 50 cm afin d’éviter les risques de coupe.
Après chaque prise, il faut inspecter le bas de ligne terminal et ne pas hésiter à le changer s’il présente des lésions trop marquées.
Le fluorocarbone
De nombreux adeptes des bigbaits optent pour un terminal en fluorocarbone car ce fil est dur et quasi-invisible. Afin d’éviter de se faire couper avec ce matériau, il faut utiliser sans hésitation un diamètre de 90/100, voire 100/100. Néanmoins, avec des gros leurres, la discrétion n’est pas prioritaire, l’attention du prédateur étant focalisée sur le leurre, il ne prête guère attention au bas de ligne. De fait, on peut envisager d’autres options.
Le titane
Il est un peu moins souple et peut-être un peu moins discret que le fluorocarbone, mais contrairement aux bas de lignes en acier, il offre le gros avantage d’être indéformable et insensible aux dents des brochets.
Pour confectionner les boucles afin de raccorder des agrafes ou des anneaux brisés sur du fluorocarbone ou du titane, on se servira de sleeves d’un diamètre intérieur correspondant à celui du matériau, en sachant que pour réaliser une boucle fiable, il faut passer trois fois le fil de titane dans le sleeve si on utilise un sleeve simple.
Pour ces deux matériaux, il est préférable de choisir des sleeves double. Quoi qu’il en soit, il faut sertir ces derniers avec beaucoup de soin sous peine de rendre le bas de ligne cassant aux points de serrage.

L’acier multibrins

Un bas de ligne en acier multibrins résiste parfaitement aux dents des brochets. Il offre l’avantage d’être plus souple que le gros fluorocarbone ou le titane, surtout si vous le choisissez en 49 brins dit 7x7. En revanche, il peut arriver qu’il se déforme et vrille un peu après quelques combats. On parvient parfois à le remettre rectiligne en l’étirant.

Une avant-pointe

Quelle que soit l’option choisie, pour rester en confiance, lorsque l’on pêche dans des eaux très claires, on pourra éventuellement intercaler une avant-pointe, dite de discrétion, entre la tresse et le bas de ligne. En fluorocarbone de 35 à 40/100, et longue de 2 à 3 m, elle atténuera les vibrations parasites de la tresse qui parfois risquent de mettre le prédateur en alerte.

Les agrafes, émerillons et anneaux brisés

Sujets à des frottements répétés, ils peuvent constituer le maillon faible, aussi faut-il les prendre de tailles suffisantes, soit d’une résistance d’environ 20 kg et les contrôler souvent pour vérifier qu’ils ne soient pas entamés.
Bonne pêche ou bonne découverte du bigbait pour ceux qui se lancent.

Jack Tarragnat

Galerie photos

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