Patrimoine
Sous la direction d’Ariane Dor, de la Direction des affaires culturelles (Drac) Occitanie, et d'Hélène Lebédel-Carbonnel, du ministère de la Culture, et sous la plume d’universitaires, de conservateurs et de jeunes chercheurs, cet ouvrage est consacré aux Jubés et clôtures de chœur du Moyen Âge et de la Renaissance.
Les jubés, qui à partir du XIIIe siècle séparent le chœur de la nef, et les clôtures de chœur qui entourent le sanctuaire, ouvrages en pierre ou en bois souvent très décorés de sculptures et d’ornements, ont, sauf quelques rares et spectaculaires exceptions dont plusieurs sont étudiées ici, été démembrés, déplacés, et ont la plupart du temps disparu quand les modes architecturales et liturgiques ont changé ou quand le vandalisme s’en est mêlé. On sait que celui de la cathédrale de Rodez, par exemple, a été déplacé et remonté dans le transept, contre la porte Sud, au milieu du XIXe siècle.
On sait aussi l’intérêt provoqué récemment, à l’occasion de la restauration de Notre-Dame de Paris après son incendie, par la découverte inattendue sous son pavement, servant de remblai, de centaines de superbes fragments sculptés de son ancien jubé gothique. Un article de l’ouvrage est consacré à cet événement.
Trois chapitres sur l'Occitanie
L’Occitanie est à l’honneur dans ce livre avec trois articles – sur les 16 qu’il comporte – qui retiendront sans doute tout particulièrement nos lecteurs.
D’abord l’article qu’Étienne Hamon, professeur d’Histoire de l’art médiéval à l’Université de Lille, consacré à l’église d’Aubrac, sous le titre “Pierre blanche et ornements à l’antique. Le jubé disparu d’Aubrac (1508-1510)”.
De ce jubé commandé à Antoine Salvanh (architecte des églises d’Espalion et de Saint-Côme et du clocher de Rodez) et détruit à la Révolution, il ne reste rien sur place. Tel un détective enquêtant sur une disparition et reconstruisant un puzzle de pièces à conviction, l’auteur a exploité certaines archives, gravures et documents évoquant l’ouvrage, et a retrouvé, çà et là entre Aubrac et Rodez, réemployés, divers éléments de cette ancienne clôture (fragments de frises, de panneaux décoratifs, fragments de colonnes).
L’auteur, qui connaît bien l’architecture du Rouergue, et qui a déjà publié de nombreux articles sur son patrimoine médiéval — on les trouvera cités dans son article —, avance certaines hypothèses, étudie le jeu de la couleur des différentes pierres à l’intérieur de l’édifice, où le jubé tranchait sur la pierre basaltique («jubé d’une belle sculpture en pierre blanche» dit un texte de 1694), fait de judicieux rapprochements avec d’autres réalisations, propose une reconstitution en 3D de l’intérieur de l’église, et replace le jubé dans le grand courant de l’architecture des premières années du XVIe siècle, entre gothique flamboyant et Renaissance.
Un autre article, signé d’Ariane Dor, Jacques Dubois et Dominique Faunières, est consacré à la fameuse clôture de chœur de la cathédrale d’Albi, ouvrage qui, à la différence de celui d’Aubrac, est non seulement coloré, mais parfaitement conservé : “Le chœur de la cathédrale d’Albi et le travail des imagiers. Une étude pluridisciplinaire”. On y apprendra beaucoup de choses sur la collaboration entre les divers artisans au Moyen Âge (architectes, sculpteurs, peintres) et sur les nouvelles techniques d’approche que les spécialistes de l’art médiéval et les restaurateurs mettent aujourd’hui en œuvre pour conduire leurs analyses et leurs travaux.
Enfin un troisième article de Colin Debuiche et Pascal Julien intitulé “Pour la gloire de Dieu et celle de son évêque. Jubé, clôture et orgues de la Renaissance à Saint-Bertrand-de-Comminges” nous explique la genèse d’un ensemble exceptionnel qui a la particularité d’être en bois.
Rappelons pour mémoire que la Société française d’archéologie a publié en 2011 un important volume de sa série “Congrès archéologique” entièrement constitué de notices de monuments de l’Aveyron, volume également savant et érudit que se doit de posséder tout bon amateur du patrimoine de notre région.
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