Église paroissiale d'Espalion
C’est au mois de décembre que la mairie a dû faire appel à Géraldine Latieule et à Émilie Séguret, toutes deux vitraillistes et Aveyronnaises, respectivement installées à Barriac et à Salles-la-Source, afin de déposer les vitraux qui composent la rosace Nord de l’église, malmenés par le vent cet hiver. Un échafaudage d’une quinzaine de mètres de hauteur avait alors été installé par l’entreprise Badoc, et des pièces de contreplaqué avaient été disposées à l'emplacement des vitraux.
Après une journée de travail pour la dépose, les deux jeunes femmes se sont penchées pendant environ un mois chacune sur ce qui constitue un «véritable puzzle», comme le qualifie Émilie Séguret. C’est elle qui a tout d’abord répertorié les pièces, afin de déterminer celles qui se sont effacées et devront être repeintes, et celles qui sont cassées. Après les avoir débarrassées de leurs joints de plomb, Émilie créé ensuite des gabarits en carton à partir desquels de nouvelles pièces seront découpées dans du verre teinté dans la masse. Géraldine intervient ensuite pour appliquer une peinture spécifique au travail des vitraux, la “grisaille” : utilisée depuis le XIe siècle et composée d'oxydes métalliques, elle s'est longtemps appelée “couleur noire” et sert à peindre les détails et les aplats et nécessite une cuisson. Les pièces cassées, selon leur état, sont parfois simplement recollées par Émilie.
Vient ensuite le travail d'assemblage, pour lequel Émilie utilise un alliage de plomb et d'étain et du mastic. Ces matériaux sont utilisés pour leur souplesse, qui permet d'absorber les vibrations et les variations de température. Un mois de séchage est alors nécessaire avant de reposer les éléments de la rosace, ce qui fut chose faite vendredi 26 mars dernier, avec scellement par un solin à base de chaux et de sable.
La durée de vie d'un vitrail étant d'environ 100 à 150 ans, les deux jeunes femmes, qui travaillent ensemble depuis une dizaine d'années, sont appelées à intervenir, en Aveyron et les départements limitrophes, pour des rénovations sur des vitraux du XIXe siècle, qui ornent de nombreuses églises.
Artistes autant qu'artisans
Les deux vitraillistes ont tout d'abord étudié les Beaux-Arts pour Géraldine, les Arts appliqués et l'Architecture pour Émilie, avant de s'orienter vers diverses formes d'artisanat, travaillant aussi bien le verre que les métaux ou le bois. Géraldine réalise d'ailleurs d'étonnantes crédences en vitrail, des plateaux de tables ou pare-douche en verre sablé, et Émilie créé des pièces uniques pour des vitrages, luminaires, etc. Toutes deux réalisent également des grilles de protection en fer pour les églises, en collaboration avec les Bâtiments de France.
XP
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