Attaques de loups
Pancartes en main et banderoles déployées, une trentaine d’éleveurs ont manifesté ce vendredi devant la préfecture de l’Aveyron à Rodez. Ils ont répondu à l’appel de la FDSEA de l’Aveyron et des Jeunes Agriculteurs Aveyron pour dénoncer une situation devenue, selon eux, «intenable».
Ces dernières semaines, plusieurs attaques qualifiées “Loup non écarté” ont été recensées en Aveyron. À Golinhac notamment, trois veaux ont été tués dans les trois dernières semaines sur deux exploitations voisines. «Ce sont des naissances perdues, mais aussi une peur constante pour l’éleveur, qui ne sait jamais ce qu’il va trouver le matin», explique Marie-Amélie Viargues, présidente de la FDSEA. «Les animaux changent de comportement, deviennent nerveux, parfois dangereux. L’éleveur lui-même peut se retrouver en danger. Pas plus tard que la semaine dernière, un des éleveurs s’est fait charger par son troupeau. Ça n’est pas possible de travailler dans ces conditions.»
Si le plan national loup 2024-2029 prévoit des tirs de défense dès la première attaque pour les bovins, équins et asins, sa mise en application est actuellement suspendue. En cause : une consultation publique sur un nouvel arrêté ministériel, durant laquelle aucune nouvelle autorisation de tir ne peut être délivrée. Pour les syndicats agricoles, cette situation est inacceptable.
«L’État doit respecter ses engagements. Ce vide administratif ne doit pas empêcher la protection des troupeaux. Nous demandons la reprise immédiate des tirs de défense simple», martèle la présidente.
Les représentants syndicaux ont été reçus en préfecture vers 15h. Ils y ont exposé les difficultés rencontrées sur le terrain et l’urgence d’agir. «L’élevage extensif, celui qui façonne nos paysages et fait vivre nos campagnes, est mis en péril», soulignent les responsables agricoles. «Les attaques de loups, mais aussi celles de vautours ou les dégâts des cervidés, se multiplient, sans réponses concrètes.»
Plus que les pertes économiques, c’est la détresse morale des éleveurs qui alarme. «On parle beaucoup de bien-être animal, mais qu’en est-il du bien-être de l’éleveur ? Celui qui travaille avec passion et retrouve ses bêtes égorgées ?», ajoute Marie-Amélie Viargues.
Pour la FDSEA et les JA, la régulation des prédateurs ne doit pas être un tabou. «Réintroduction ne doit pas rimer avec invasion. Si l’on veut préserver l’élevage de montagne et les écosystèmes qu’il entretient, il faut donner aux éleveurs les moyens de se défendre. Et cela commence par des actes, pas par des consultations interminables», concluent les deux syndicats dans un communiqué de presse.
Éloïse Bonnin
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