Livre. Daniel Crozes et André Valadier : L'Aubrac au cœur

«Alors que certains prétendaient, en 1960, que l'Aubrac deviendrait un nouveau Far West du Massif Central avec de grands pâturages et un élevage extensif, des hommes de la trempe d'André Valadier, François Laville et Eugène Alexandre combattirent le défaitisme et le pessimisme.»

Ainsi débute le dernier ouvrage de Daniel Crozes, “André Valadier, L'Aubrac au coeur”, qui mêle habilement biographie et Histoire, dans une synthèse méticuleusement documentée et au style fluide, mettant plus de cinquante années d'histoire locale autant qu'agricole à la portée du plus grand nombre.

Un récit qui, en partant du particulier, c'est-à-dire en s'appuyant sur la vie et les engagements d'un homme, met en perspective l'évolution plus générale de l'Aubrac et de l'élevage en moyenne montagne. Dans la première partie du livre, Daniel Crozes plante le décor en évoquant la famille et la jeunesse d'André Valadier et, par la même, les facteurs déterminants qui l'ont mené sur le chemin qu'il a suivi sa vie durant : l'enracinement à la terre natale, la mort du père, l'attachement familial, la rencontre avec Geneviève, le poids de la tradition agricole et la recherche de débouchés.

Autant d'éléments qui expliquent et mettent en relief un parcours soigneusement décrit dans la suite de cet “Aubrac au coeur”, de la création de la Coopérative Jeune Montagne à l'engagement syndical, de la mairie de La Terrisse aux affaires agricoles de la Région Midi-Pyrénées, du Conseil d'administration du Crédit Agricole à la présidence de l'Institut des Appellations d'Origine (INAO) en passant par la Société des Caves de Roquefort, du sauvetage de la race Aubrac au renouveau du fromage de Laguiole, de la distinction de Jeune Montagne au salon “Slow Food International” à la concrétisation du Parc Naturel Régional de l'Aubrac, auquel il a toujours cru...

Ceux qui connaissent André Valadier, ou pour le moins son action, et qui s'intéressent à l'évolution de notre petit pays, ont peut-être l'impression de déjà tout connaître de son implication pour l'Aubrac, l'élevage et l'agriculture, mais aucun ouvrage n'en avait fait l'inventaire.

Bref, si ce livre paraît évident, il se devait d'être écrit, et c'est chose faite grâce à Daniel Crozes.

XP

324 pages - 22 €. Le livre est agrémenté d’un cahier de 16 pages de photographies issues des archives d’André Valadier, et c’est le Bozoulo-Espalionnais Cédric Cailhol qui a assuré la conception graphique de l’ouvrage pour le Rouergue.

À lire aussi : Entretien avec Daniel Crozes sur la genèse du livre “André Valadier, l’Aubrac au coeur”

ENCADRÉ

André Valadier : «La restitution est fidèle»

On a pu voir André Valadier dans l’émission “Square”, sur Arte, en octobre dernier. Il y était l’invité de Michel Bras, qui avait carte blanche pour réaliser le programme, rediffusé ces jours-ci, et que l’on peut voir en replay comme un excellent com-plément au livre de Daniel Crozes. Au sujet du livre, André Valadier, qu’on a «beaucoup sollicité ces dernières années», a «hésité un bon moment avant d’entrer dans cette démarche [d’édition]». C’est la rencontre avec Daniel Crozes qui a achevé de le convaincre : «Je suis parti du principe que mon parcours de vie, professsionnel, syndicaliste, coïncidait avec de profonds changements». Pour le personnage principal qu’il représente dans cette histoire,qu’il appelle déjà affectueusement «mon livre», «la restitution est fidèle, Daniel Crozes est précis et exigeant».

Déjà, dans Terres d’Aubrac, en 2014...

En 2014, dans notre deuxième numéro de Terres d’Aubrac, André Valadier avait accepté d’être notre invité pour raconter “son” Aubrac au regretté Michel Heuillet, au fil d’une dizaine de pages agrémentées de photos personnelles. Nous lui avons demandé dans quelle mesure cette séquence, que nous avions intitulée «André Valadier, fils de l’Aubrac», l’avait incité à compiler les souvenirs de son parcours ? Question à laquelle il nous a répondu qu’effectivement, l’entretien au long cours avec Michel Heuillet n’y était peut-être pas tout à fait étranger. Ce qui serait notre modeste contribution au tableau...