Un troupeau de vaches Limousines a en effet pénétré dans le cœur de ville au pas lent du rythme paysan, résolument guidé par Jean-Paul Malgouyres, depuis plus de quatre décennies militant à la FDSEA, tout à la fierté d’élever 300 bovins dans sa ferme de Souyri, sur la commune de Salles-la-Source.
Les manifestants ont osé le mot « transhumance ». C’était pour illustrer le cortège improvisé d’une dizaine de bovins qui ont accompagné les militants des syndicats FDSEA et JA de l’Aveyron jusque sous les fenêtres de la préfecture, où une délégation allait être reçue dans l’après-midi par Claire Chauffour-Rouillard, en poste depuis seulement 48 heures.
« Besoin d’un signal fort »
Tout en reconnaissant que la nouvelle préfète « a été très à l’écoute de nos revendications », Marie-Amélie Viargues, présidente de la FDSEA, et Léo Nakich, président des Jeunes agriculteurs (JA), ont pu réitérer la nature de leur action commune par quelques exemples majeurs de saturation : « Face à la pression administrative, à l’augmentation massive des contraintes sur les exploitations (environnement, zone vulnérable, contrôles), aux retards dans les paiements PAC, à la hausse des charges, à la non application de la loi Egalim, aux accords internationaux sans clauses miroirs, au poids du sanitaire, l’agriculture aveyronnaise a besoin d’un signal fort de la France et de l’Europe. La préfète a bien compris que nous attendons des mesures conjoncturelles et de trésorerie, une simplification administrative drastique, une stratégie sanitaire et une cohérence européenne et mondiale sur les normes et les réglementations. »
« La nouvelle préfète a été sensible à nos demandes face à la pression administrative que nous subissons depuis trop longtemps et à notre besoin d’amélioration de la prise en charge du coût sanitaire dans nos exploitations », a complété pour sa part le secrétaire général des JA Aveyron.
Des mesures toujours attendues
Au sortir de l’entrevue, Rémi Agrinier a lui-même apporté d’autres précisions en ces termes : « Nous avons évoqué la problématique de prédation (loups, vautours), qui met en péril les activités d’élevage et pastorales, comme aussi la rémunération des éleveurs affaiblis par l’augmentation des charges. La préfète nous a annoncé que la ministre de l’Agriculture était en passe de rendre public un train de mesures de simplification administrative – ce que nous attendons depuis des années. Elle nous a signifié qu’elle serait toujours présente pour un travail de fond, dans la continuité de son prédécesseur. Enfin, elle a évoqué la perspective d’assises sanitaires nationales, pour une gestion améliorée des Maladies hémorragiques épizootiques (MHE) et de la Fièvre catarrhale ovine (FCO). Nous agirons en fonction des résultats, mais notre entrevue a été positive et nous avons apprécié la qualité de nos échanges. »
En fin d’après-midi, des femmes et des hommes parmi les manifestants ont formé un symbolique SOS sur la place d’Armes, pour défendre l’élevage aveyronnais qualifié de « vertueux ». Et ce, quelques heures après qu’à l’Assemblée nationale, les députés ont très largement rejeté le traité de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur. Dans la rue, les paysans et leurs bêtes se sont intimement mêlés aux citadins, parfois même en présence des enfants. Avec cette formule chevillée au corps, comme pour aller à l’essentiel : « Tous ensemble, nous sommes l’élevage ! »
Daniel ESCOULEN
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