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Les correspondances de Jean-Paul Pelras. Lettre à l’acteur Pierre Niney à propos du glyphosate

Les chroniques. La correspondance hebdomadaire de Jean-Paul Pelras.

Monsieur,

Vous avez récemment rappelé au Président de la République le non-respect de ses engagements émis en 2017 lorsqu’il déclarait vouloir interdire l’utilisation du glyphosate dans un délai de 3 ans. Emu par une publication du journal Le Monde, comme il se doit rédigée par Stéphane Foucart, journaliste préposé au soutien des causes environnementales, vous avez twitté votre petit message qui, peut-être car vous vous appelez Pierre Niney, a été vu plus d’un million de fois dans la foulée. Et ce, alors que la Commission Européenne, s’appuyant sur les publications de l’EFSA (Autorité Européenne de sécurité des aliments), s’apprête à renouveler l’autorisation d’utiliser ce désherbant dans l’UE pendant 10 ans.

S’appuyant sur une étude publiée par le Journal of exposure Science & Environmental Epidemiology qui révèle de «potentiels risques sanitaires inattendus», Le Monde contre-attaque, tout comme Générations Futures, qui oppose les conclusions de l’INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale) à celles des agences règlementaires européennes (EFSA et ECHA).

De quoi rendre légitime, indispensable, incontournable… votre requête. Celle d’un acteur qui doit, à l’instar de ses confrères unis pour défendre la planète et le climat, se mobiliser pour s’occuper de ce qu’ils ne connaissent pas. Autrement dit, la pioche, la bèche, la binette et autres herses, grapins ou charrues, alternatives manuelles ou mécaniques usitées, le cas échéant, pour éviter le désherbage chimique. Méthode fournie avec cloques, phlyctènes et ampoules, connue pour limiter considérablement la compétitivité de notre agriculture confrontée aux importations de denrées provenant de contrées où l’on ne s’embarrasse pas de tels préjugés. Une notion agroéconomique qui vous dépasse peut-être, mais qui pourrait vous interpeller d’ici quelques années quand vous ne trouverez plus dans votre assiette que des productions importées de pays où aucun écologiste ne s’aventure pour aller les contrôler.

Mais laissons de côté ces considérations puériles pour nous occuper de votre métier. Car, après tout, puisque vous vous prononcez sur le modus operandi des paysans, ils peuvent à leur tour disserter et s’interroger sur l’impact que vos activités ont sur l’environnement. Une étude publiée par des chercheurs californiens (Source RTL - François Lenglet) estimait que «Hollywood et ses studios polluaient davantage que toute autre industrie à l’exception de l’extraction du pétrole». «En France, le collectif Ecoprod évalue les dégâts du secteur à 1,7 million de tonnes de carbone par an. C’est comme si on transportait par avion un million de passagers sur Paris-New York aller-retour» précise le media. D’autres publications n’hésitent pas à souligner l’utilisation massive de décors à usage unique, la dégradation de l’espace, le saccage de l’écosystème pour le besoin des tournages, la surutilisation et la destruction de véhicules neufs, l’emploi abusif de groupes électrogènes, le gaspillage de l’eau (65 millions de litres pour l’aquarium du Titanic) ou, tout simplement, l’énergie utilisée (350.000 tonnes de CO2 selon le Centre national du cinéma) par ceux qui vont voir vos films dans les salles climatisées. Sans oublier les “dérogations culturelles” non exhaustives consenties au Festival de Cannes qui produit en 15 jours quelques 1.200 tonnes de déchets. Même si certains efforts sont à saluer puisque le tapis rouge destiné à protéger les semelles des Louboutin et autres Cerruti est désormais changé une fois par jour au lieu de deux voici quelques années.

Mais au diable ces broutilles quand l’art peut s’exonérer de tous ces petits tracas. Tout comme les secteurs du parfum et de la mode, industries auxquelles vous semblez particulièrement attaché, pourtant connues pour utiliser des produits chimiques, solvants, composants organiques, volatils et “polluants éternels” impactant les eaux, la faune et la flore des zones où l’exploitation de la main d’œuvre répondant au moins-disant social ne semble pas embarrasser outre mesure ceux qui vantent, moyennant quelques confortables indemnités, les mérites de la fragrance et du prêt-à-porter.

Il y aurait tant à dire, Monsieur Niney, sur ces pratiques artistiques beaucoup moins vertueuses qu’il n’y paraît. Et les agriculteurs pour vous répondre auraient tant à twitter. Ils pourraient eux aussi écrire au Président de la République pour lui demander d’interdire tout ce qui pollue, nuit au climat ou à notre santé dans les milieux que vous fréquentez.

Mais ils ne le feront pas. Peut-être parce qu’ils sont bien éduqués et car ils ne sont pas habitués à s’occuper des affaires des autres. Surtout quand ils ne savent rien de leurs quotidiens, de leurs préoccupations et de leurs métiers.

Les correspondances de Jean-Paul PELRAS

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