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D’un continent à l’autre. Carnet de voyage : Émilie au Cap-Vert [1]

Les chroniques. Il y a 10 ans presque jour pour jour, dans notre édition du 21 février 2013, nous publiions la première de 11 “newsletters” (“lettres de nouvelles”) envoyées par Émilie Picou du Bénin, où elle avait séjourné durant une année. Aujourd'hui, nous vous proposons des nouvelles de notre compatriote trotteuse de globe qui est repartie, mais cette fois-ci au Cap-Vert, archipel de culture afro-portugaise au large du Sénégal. En chantant.

D’un continent à l’autre. Carnet de voyage : Émilie au Cap-Vert [1]
Promenade dans la Serra Malagueta avec Julie et Alice.

D’un continent à l’autre

Chers amis du Bulletin,

Ancienne pastourelle de l'Aveyron et de la Ligue Auvergnate et du Massif Central, j'étais partie une année au Bénin en 2012 et vous aviez été nombreux à apprécier mes newsletters que le Bulletin d'Espalion, enthousiaste et généreux, avait accepté de publier. Installée au Cap-Vert depuis un an, je vous propose de renouveler cet exercice d'écriture, ce partage d'expérience et remercie très fort le Bulletin qui se montre toujours aussi enthousiaste et généreux, 10 ans plus tard !

Je suis toujours en Afrique, mais le Cap-Vert , bien qu'en face du Sénégal, est un archipel tout à fait à part ; un joyeux mix entre l'Afrique, le Brésil qui l'influence beaucoup et l'Europe, via son histoire avec le Portugal et toute la diaspora installée en Hollande, en France, au Luxembourg... J'étais partie au Bénin en Volontariat de Solidarité Internationale ; j'ai découvert le Cap-Vert il y a 3 ans, en vacances, poussée par la kizomba que je dansais à Paris et qui me charmait. Et j'ai construit mon projet au fil des rencontres et de mes allers et venues. Bonne lecture et bon voyage...

31 octobre. Ça y est. Mes copines sont reparties. J'ai la chance de rester ici. «Profite !» m'ont-elles répété, «Maintenant, on comprend» : la vie ici, la douceur des gens, de la météo, de la mer au Cap-Vert.

Après quelques jours à Praia et aux alentours, pour randonner, rencontrer, visiter, j'ai profité de leur venue pour aller découvrir Boa Vista avec elles, une des neuf îles habitées de cet archipel stratégique de l'Atlantique : un petit paradis de sable blanc, d'eau turquoise, sans resort, sans foule, avec des tortues (et des requins, de loin, et très localisés heureusement !) à observer à l'œil nu ; de légères vagues pour le surf auquel on s'est initié : quelle sensation ! Ici, tout paraît simple, possible, sans danger. Les explications ne durent que quelques minutes, on nous met à l'eau : «Nu bai !» («On y va !»). La quiétude du lieu nous enveloppe.

Santiago, l'île de la capitale où je réside, est verte. Ils sont contents ; enfin, depuis 4 ans, les pluies ont été dignes de ce nom. Tout a reverdi. Mais si on espère la pluie, elle peut vite faire des dégâts : rien que chez moi, je vois le plafond goutter à un endroit de la salle à manger et un autre de la chambre lors d'une grosse averse. Les toits terrasse, qui logent justement les réserves d'eau, ont leur limite.

Et je redécouvre des orages bien sonores, comme on en entend encore en Aveyron, dans cette ville sans doute peu équipée en paratonnerres, quand le bruit sec et fracassant annonce que la foudre est tombée toute proche. La terre est abreuvée, mais il faudra faire avec ça pour l'année.

Autant vous dire que quand on nous étouffe avec la sécheresse estivale en France, ça me fait sourire. Inquiets que nous sommes, inquiets qu'on nous rend. Chez nous il pleut, régulièrement. Il n'y a pas deux mois sans pluie ; même fine, il y en a. Au Cap-Vert, s'enchaînent plusieurs mois sans une goutte. Et si on faisait confiance à la nature et qu'on jouissait de notre pays béni ? Et si on réapprenait simplement à moins consommer d'eau, à moins gaspiller : arrosage, machines quotidiennes, lavage...

À Praia, dans mon quartier, tous les matins dès 7h45, arrivent ces hommes qui vont laver les voitures et que je connais bien maintenant : Patrick, Adilson, Ruisinho... En 30 minutes pour 200 esc (2 euros), avec un seau, ils font briller la voiture, du toit aux jantes, et même l'intérieur parfois. Quel pays a le plus à apprendre de l'autre aujourd'hui, à l'heure de l'économie et de l'écologie ?

Me voilà donc installée à Praia pour ma deuxième année consécutive. J'ai gardé mon appartement dans le quartier tranquille de l'Achada Santo Antonio, un 3 pièces meublé, confortable, avec terrasse — que je commence seulement à agrémenter de plantes ! J'étais à l'école française l'année dernière et cette année sera toute consacrée à la musique. C'est une démarche presque spirituelle : suivre ses rêves et faire l'expérience d'un temps autre. En ce mois d'octobre, j'ai relancé le band que nous avons réussi à monter en mars et juin derniers à l'occasion de deux concerts organisés avec l'Ambassade. Nous ferons notre premier concert à nos frais avec entrée payante le 11 novembre ! Essentiellement des reprises pop et cap-verdiennes aussi, bien sûr, toujours. Je veux faire danser les gens ! Ce sera debout ! Je travaille mes chansons perso à côté, relance les gars pour des duos, prépare les clips avec Helder, mon ami et acolyte du studio et des tournages. Tenez-vous prêts !

(À suivre...)

Comme au Bénin il y a 10 ans, je vous propose de clore cette première newsletter par un résumé en 5 sens (et un mot : parolière et prof de français, on ne se refait pas !) :

Une image : la tortue qui glisse dans le vert d'eau transparent de la mer entre nos paddle à Julie et moi.

Un son : le rire de mes copines, aussi aigu et joyeux que le mien — que des voix de soprano, nous ne sommes pas passées inaperçues !

Un mot : «fix» qui nous déroute toujours en tant que touristes au début puisqu'on y voit le «fish» anglais — dans un pays de pêcheurs, quoi de plus normal ? — Mais c'est un mot passe-partout pour dire “Chouette !”, “Cool !”.

Une saveur : le thon (poisson national) en tataki, en carpaccio ou en tartare des restaurants à Boa Vista, miam !

Une sensation : la force de la vague qui fait glisser et avancer le surf... ou qu'on prend dans la tête le temps de les dépasser et de retourner au milieu de l'eau !

Une odeur : le jasmin près de l'Assemblée nationale, à deux pas de chez moi, que j'étais heureuse de retrouver dès la première promenade de mon retour, à la tombée du soir.

Vous pouvez retrouver Émilie sur Youtube et Facebook (M'ilie), ou Instagram (@milie_musique).

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