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La vie des rivières. Les chaussées de moulins, patrimoine hydraulique en danger (2/21)

Les chroniques. Une chronique inédite de Jean-Pierre Henri Azéma, docteur en Géographie et consultant spécialiste du patrimoine industriel et des moulins, de l’histoire des rivières et de l’énergie. 

La vie des rivières. Les chaussées de moulins, patrimoine hydraulique en danger (2/21)
Brantôme (Dordogne). La chaussée du moulin de l’abbaye, sur la Dronne.Un outil économique indispensable depuis le Moyen Age,pour l’abbaye bâtie à ses côtés, et la ville (photo JPH Azéma, septembre 2017).

Le “Dieu Salmonidé” tout puissant sur les rivières


Depuis 80 ans, les «administrations gestionnaires de l’eau et des rivières», n’écoutant que les «associations gestionnaires des poissons», et ignorant tous les autres acteurs de l’eau, du patrimoine et de l’énergie, ont donc suivi, à la lettre, leurs desiderata et «déclaré la guerre» aux moulins à eau. Refusant de s’appuyer sur des preuves scientifiques et historiques, ils décidèrent que les moulins étaient nuisibles au bon fonctionnement des rivières. Selon les adeptes de cette croyance, seul le «Dieu Salmonidé» a le droit de vie ou de mort sur tout ce qui est afférent à nos rivières. Étrangement, cette sentence ne s’applique à 95% qu’aux seuls moulins à eau, ou usines électriques, et à leurs vénérables et si utiles chaussées.
L’idéologie des «associations gestionnaires de l’environnement et des poissons» est la «restauration des rivières», le retour au «Paradis perdu» de «la rivière virginale», d’une rivière sans moulin, débarrassée de la «pollution» que représentent à leurs yeux les chaussées… mais avec des pêcheurs.  Restaurer signifie remettre dans son état d’origine. Mais de quelle origine parle-t-on ? D’Adam et Eve ? De la grotte Chauvet ? Pour appliquer scientifiquement cette méthode, il faut pour cela disposer d’un inventaire, et d’un état de référence précis, à une date précise, pour chaque chaussée, et ce pour toutes les rivières de France. Or, les «associations gestionnaires de l’environnement et des poissons» sont bien incapables de fournir de telles informations, tout simplement parce qu’elles n’existent pas. Leur projet est donc un slogan sans fondement scientifique. La nature évolue et se modifie sans cesse, tous les jours. Doit-on prendre comme période de référence celle qui précéda l’introduction des écrevisses américaines, de la truite arc-en-ciel ou du silure (ou poisson aspirateur), par les «associations gestionnaires des poissons» elles-mêmes ? Dangereuse religion, en effet, que celle du «Dieu Salmonidé».
Pour arriver à leurs fins, ce lobby a pratiqué à haute dose la falsification massive des données scientifiques concernant les rivières. L’une des plus belles inventions est celle du (ROE), le Registre des Obstacles à l’écoulement de l’Eau. Cet «outil», sorte de baguette magique, fut créé pour démontrer la nocivité des chaussées de moulins, et justifier de leur nécessaire destruction. En les qualifiant «d’obstacle», on les stigmatisait aux yeux de l’opinion publique, et des politiques qui ne pouvaient demander que leur disparition. Or, on y reviendra, c’est tout simplement faux, et chacun peut constater que les rivières coulent. Simple question, puisqu’il y aurait des obstacles partout, où donc l’eau est-elle stockée ? On aimerait le savoir…
Photo : Brantôme (Dordogne). La chaussée du moulin de l’abbaye, sur la Dronne. Un outil économique indispensable depuis le Moyen Age, pour l’abbaye bâtie à ses côtés, et la ville (photo JPH Azéma, septembre 2017).

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