Le coin du lecteur
Lors de la récente commémoration de l’armistice du 11 novembre 1918, un message émanant tant de Sébastien Lecornu, ministre des Armées et des Anciens combattants, que de Jean-Louis Thiériot, son ministre délégué, a été lu dans la France entière. Ce message avait ceci de particulier qu’il contenait une citation du général de Castelnau, ce grand homme à qui nous venons de rendre hommage par la publication d’un article en cinq épisodes. Tout d’abord surpris d’entendre ainsi cité le nom de notre compatriote, nous avons vite compris que nous devions cette référence à Jean-Louis Thiériot, lequel vient de sortir, le 14 novembre, aux éditions Tallandier, un livre consacré à notre général et ayant pour titre “Castelnau, le maréchal escamoté 1851-1944”.
Tout au long de son ouvrage, Jean-Louis Thiériot rend justice à Édouard de Curières de Castelnau, rappelant tout ce que la France lui devait : sans les talents de ce grand militaire et les victoires qu’il remporta en 1914, sans doute que la Grande Guerre aurait pris une tout autre tournure, et certainement pas à notre avantage.
Mais ne se contentant pas de rappeler le rôle joué par notre général en 14-18, Thiériot livre ici une biographie complète dans laquelle on découvre un homme — de Castelnau — à l’honneur chevillé au corps et à l’humilité jamais démentie, qui s’emploiera à accomplir une seule et même mission : servir son pays, encore et toujours, et sous quelque forme que ce soit. Ainsi, après la guerre, de Castelnau deviendra député, faisant partie du Bloc national rassemblant les modérés de la droite et du centre, pour rester au service de la France et participer au relèvement national.
Mais, en 1924, il perdit son siège à la chambre, qui tomba entre les mains du cartel des gauches. S’ensuivit l’accession au pouvoir d’un Édouard Herriot à l’anticléricalisme déclaré, bien décidé à rendre la vie plus difficile à une bonne partie de la population : les catholiques. Naturellement, les projets du nouveau président du Conseil poussèrent notre général à reprendre le combat et, au mois d’octobre 1924, de Castelnau fonda la Fédération nationale catholique qui rassembla bientôt entre 1,5 et 2 millions de membres.
Or, les manifestations organisées par cette fédération auront pour effet de faire tomber le cabinet Herriot. Puis en 1940 vint la terrible campagne de France, qui déboucha sur un armistice dont les conditions étaient insupportables aux yeux de notre général : «Plus que jamais, l’armistice m’apparaît comme ignominieux ; je ne puis expliquer cet acte que par la profonde défaillance intellectuelle et morale de Pétain, Weygand et Cie».
Enfin, pendant la Seconde Guerre mondiale, de Castelnau s’efforcera de soutenir la Résistance.
Bien entendu, l’auteur ne manque pas, aussi, de rappeler cette terrible injustice qui consista à refuser à de Castelnau son bâton de maréchal. Tout en accomplissant un remarquable travail d’historien, tout à fait impartial, Thiériot ne peut toutefois s’empêcher d’admirer de Castelnau, comme en attestent ces mots de l’auteur : «Lire la vie de Castelnau enfin, c’est rencontrer un type d’homme qu’on a bien du mal à concevoir aujourd’hui, un homme pour qui le devoir primait tout, celui qu’on doit à soi-même, aux siens, à son lignage, à son pays…».
Naturellement, nous recommandons la lecture de “Castelnau, le maréchal escamoté”, disponible dans toutes les bonnes librairies au prix de 23,50 €.
Pascal CAZOTTES
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