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Histoires de loups. Aubrac 1977, le loup de Pégorier [+ VIDEO]

Terres d'Aubrac . Vous vous souvenez du loup de Pégorier ? 20 juin 1977. Il n’y a plus de loup en France depuis un demi-siècle. Pourtant, un paysan abat un mâle de 50 kilos sur l’Aubrac, en Lozère. On ne saura peut-être jamais d’où sortait ce loup, mais il fait toujours partie de l’histoire d’Albert Pégorier et de son épouse.

Histoires de loups. Aubrac 1977, le loup de Pégorier [+ VIDEO]
Ce mâle de 50 kilos semble appartenir à la catégorie “canis lupus lupus”, qui peuplait la France il y a encore une centaine d'années.

 Histoires de loups

Avant son retour “officiel” en France en 1992, le loup était sensé avoir été éradiqué en 1928, quand fut octroyée la dernière prime pour l’abattage d’un loup en Haute-Marne. Entre ces deux dates, le fascinant prédateur réapparaît pourtant plusieurs fois sur le sol national. Dans certains cas, il s’agissait de loups plus ou moins domestiqués et ayant échappé à l’homme. Ou encore de loups volontairement remis en liberté par un particulier, comme ce fut le cas en 1968 dans les Landes, sans préparation, et donc sans aucune chance de survie.

D’autres cas sont plus énigmatiques, comme si le loup n’avait pas totalement disparu du pays, et celui de Pégorier en fait partie.En 1977, Albert Pégorier gère la ferme et le troupeau de Monsieur Issarny, à Salles-Basses, en Lozère, entre La Croix de la Rode et le lac de Born. Il vit sur place avec son épouse Régine et leur fille âgée de 4 ans.

À lire : L’Aveyron et les loups, une très vieille histoire... 

Cette année-là, plusieurs attaques ont lieu sur des vaches et des veaux. Jusqu’à ce qu’un taurillon soit tué : «Il était à moitié bouffé» se souvient l’Aveyronnais, originaire de Curières. «Des gendarmes sont venus de Nasbinals, puis de Marvejols et même de Mende, c’était peut-être une bête échappée d’un cirque». Un tigre est même évoqué et une battue, qui ne donne rien, est réalisée sur la Montagne, qui domine les lacs.

Les autorités donnent un permis, «un port d’arme» à Albert Pégorier, lui recommandant de tirer sans réfléchir. «Je me suis trimballé avec le fusil sur le dos, j’allais voir les bêtes j’avais le fusil sur le dos, il y en a qui me regardaient et qui avaient l’air de dire “Celui-là il est couillon”» se souvient-il en riant.Jusqu’au 20 juin.

Ce matin-là, il est monté sur le puech derrière la ferme chercher des bêtes quand il entend hurler les chiens qui lui viennent «par les pieds» : «Et je vois cette bête qui arrive derrière eux, j’ai attrapé le fusil et j’ai tiré». Albert Pégorier tirera deux fois, et la bête vient agoniser presque jusqu’à ses pieds. Le paysan sera plus impressionné par les vaches apeurées que par le loup : «60 vaches qui gueulent, c’est quelque chose, ça fait du bruit».

Tournée de l’Aubrac et carte postale

L’histoire a fait le tour du pays, dans la presse, et même à la télévision, au journal de la troisième chaîne d’alors, FR3 Montpellier, le lendemain de ce jour mémorable. Germain Saltel, du Pont-de-Gournier, prend la dépouille du loup pour la montrer aux curieux. Une carte postale intitulée “Le loup de l’Aubrac” est même réalisée par un éditeur de Clermont-Ferrand, d’après une photo de René Firbal.

Quant au loup, il sera empaillé par un taxidermiste du Malzieu. Aujourd’hui encore, il fait partie de la vie des Pégorier. Il les a suivi jusque dans l’Allier où ils ont continué leur métier d’agriculteurs, avant de revenir vivre à Condom-d’Aubrac, d’où Régine est originaire. Dans leur salle à manger, le loup côtoie une grande photo encadrée prise le même jour que celle de la carte postale.

Albert n’a pas été particulièrement impressionné par le loup, mais il se souvient de détails, comme ses yeux «des yeux comme ceux d’un chat». Dans les mois qui ont suivi, dont un hiver particulièrement rude, où «on aurait pu sortir de la maison par la fenêtre du premier étage sans se faire mal», Albert et Régine pensent que la compagne du loup rôdait autour de Salles-Basses : «Ça va par deux ces bêtes-là». Elle avait blessé un de leurs chiens. Albert lui a tiré dessus un soir, sans savoir s’il l’avait touchée, mais il n’en ont plus vu la trace à partir de ce moment-là. Pour les Pégorier, ce loup «avait dû s’échapper de quelque part».

Sa taille et son poids, qui le rapprochent du canis lupus lupus, le loup gris européen qui peuplait la France il y a un siècle, semblent écarter qu'il fasse partie de la famille des loups italiens, que l'on trouve aujourd'hui sur l'Aubrac.

On a tous une histoire

40 ans après, en 2018, Thibault Mazars et Frédéric Labie sont venus trouver Albert pour réaliser un film de 8 minutes, “On a tous une histoire”, pour France 3 : plusieurs jours de tournage à Salles-Basses ont été nécessaires, sur les lieux même de l’histoire d’Albert Pégorier, mais comme dit Régine, «On a bien rigolé, et ça fait de belles images». Au montage, le réalisateur a ajouté la séquence du journal télévisé de l’époque.

Albert Pégorier est certainement le dernier Français à avoir abattu un loup avant que la convention de Berne ne protège l’espèce en 1979.

XP

PS : le loup empaillé que l'on a pu voir à une certaine époque à la Route d'Argent à Nasbinals n'a rien à voir avec le loup de Pégorier.

À lire aussi : Oreille coupée, un photographe sur les traces du loup

 

Voici le “court” réalisé en 2018 pour France 3 par Thibault Mazars et Frédéric Labie.

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