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Pêche & environnement. La truite fario et son habitat 1/2

Pêche.

S’il n’est pas forcément nécessaire de connaître la biologie de la truite et l’écologie des eaux courantes qu’elle affectionne pour capturer ce merveilleux poisson, acquérir ces connaissances permet d’appréhender la pêche avec un autre regard et le respect que tout pêcheur éco-responsable devrait avoir envers un milieu aquatique particulièrement fragilisé de nos jours par les activités humaines. Devant les menaces qui pèsent plus que jamais sur notre environnement, il apparaît qu’une bonne connaissance du milieu ne peut que contribuer à sa sauvegarde. 

Pêche & environnement. La truite fario et son habitat 1/2
Un eau et un substrat propres signes, de la bonne santé d’un cours d’eau (la Vis, dans l’Hérault, non loin du cirque de Navacelles).

Pour avoir une vision juste et une gestion cohérente de la population de truites dans un cours d’eau, il est incontournable de raisonner en termes de capacité d’accueil.
Tout en matière de peuplement piscicole dépend en effet de cette capacité d’accueil du milieu qui peut se définir comme suit :

L’habitat des poissons

Les poissons pour pouvoir vivre et se reproduire doivent évoluer dans un milieu qui puisse leur fournir 5 éléments fondamentaux.
1/ Une eau de qualité, en quantité (débit) suffisante. (La température de l’eau est également un facteur limitant, principalement pour la truite fario qui est un poisson d’eau froide).
2/ Des sources d’alimentation pouvant satisfaire les poissons de tous âges.
3/ Des refuges et lieux de repos. (Excavations sous berges ou sous roches, entrelacs de racines immergées, etc.).
4/ Des zones de frayères propres, soit un substrat constitué de graviers de 1 à 4 cm de diamètre et surtout non colmaté par du sable ou du limon.
5/ Le libre accès à ces différents éléments, soit la libre circulation des poissons dans les deux sens, (montaison des géniteurs, avalaison des juvéniles).
Si toutes les espèces ont ces mêmes besoins fondamentaux, certaines, comme par exemple la truite fario, ont des exigences bien spécifiques vis-à-vis de ces différentes composantes.
L’habitat n’est donc pas un simple espace, c’est l’agencement de ces 5 paramètres, par exemple : l’état du lit (le substrat) et la végétation des berges (la ripisylve) jouent un rôle primordial dans la capacité d’accueil.

Les dégradations 

Fort de cette connaissance, nous allons pouvoir mieux discerner les altérations qui peuvent affecter les cours d’eau.
Bien qu’il faille tendre évidemment vers une qualité d’eau la meilleure possible, il est impératif de savoir que ce critère ne peut être déterminant pour garantir à lui seul un bon peuplement en truites.
Prenons l’exemple d’une rivière ayant une qualité de l’eau classée 1A (excellente) ou 1B (bonne) ; malgré ce label de qualité, si une des composantes est altérée, comme la température de l’eau trop élevée, des frayères colmatées, un profil de lit trop uniforme, des chaussées infranchissables, etc., ce sont autant de paramètres limitants pour l’espèce, bien qu’en apparence, tout puisse sembler parfait à un regard non averti.
Une observation attentive nous montre que chaque cas peut être sensiblement différent mais que les conséquences ne sont jamais anodines.
Toutefois, dans un second temps, une bonne gestion et les actions à mener ne peuvent s’envisager sans également une connaissance de la biologie et de l’écologie du poisson concerné, la truite fario.

Le cycle biologique de la truite 

Le frai, la ponte et l’incubation
Pour les cours d’eau à vocation salmonicole, novembre est un mois très important, en effet, sa dernière semaine et la première quinzaine de décembre marquent la période optimale de la reproduction pour la truite fario qui va assurer la pérennité de l’espèce.
Une truite femelle possède une fécondité moyenne de 1.500 à 2.000 ovules par kilo de poids vif (qui ne seront nommés œufs qu’après fécondation).
Il a été observé que cette fécondité est en adéquation avec la bonne capacité d’accueil du cours d’eau. Ainsi, une truite vivant dans une rivière avec une eau de qualité, une abondante nourriture et de nombreuses caches, sera plus féconde car moins stressée qu’une truite vivant dans un habitat dégradé. Une raison de plus s’il en est pour protéger nos rivières.
Les caractéristiques idéales des sites de frai
- Une température de l’eau de 5 à 9°.
- Une vitesse de courant allant de 20 à 50 cm seconde en moyenne, ce qui est relativement rapide, et permet une bonne oxygénation des œufs ainsi qu’un nettoyage permanent de la frayère qui ne doit pas être colmatée par des sédiments fins durant tout le temps de l’incubation.
- Une profondeur de 10 à 50 cm.
- Un substrat constitué de graviers et de petits galets ayant une granulométrie moyenne de 1 à 4 cm de diamètre.
Cet ensemble de paramètres se trouve le plus souvent réuni sur les seuils, là où, à la fin des fosses, la profondeur diminue et le courant s’accélère.
Côtoyée par un mâle dominant qui évince les intrus, la femelle à grands coups de sa nageoire caudale creuse une saillie dans le gravier dans laquelle elle dépose ses ovules. Simultanément, placé tout contre elle, le mâle émet sa laitance qui féconde les ovules.
Après cet acte émouvant de procréation, la femelle recouvre les œufs de graviers.
La profondeur moyenne d’enfouissement est en moyenne de 4 cm, mais parfois beaucoup plus selon les interstices du substrat.
Il est scientifiquement reconnu que le taux de fertilisation avoisine les 90%.
Le temps d’incubation est considéré en degrés jours, environ 420 degrés/jours, soit, par exemple, 60 jours si l’eau est à 7° ou 70 jours pour une eau à 6° (60 x 7= 420 ; ou 70 x 6 = 420).
Le développement des embryons a donc lieu sous gravier suivi de l’éclosion, toujours sous gravier.
L’éclosion est le stade où l’alevin sort de l’œuf, mais celui-ci demeure encore pour quelque temps dans le substrat où il se nourrit grâce aux réserves de sa vésicule vitelline reliée à son abdomen.
Enfin, vient le stade de l’émergence, fin mars à première quinzaine d’avril.

L’émergence et l’occupationdes territoires

Par rapport aux cyprinidés (les poissons «blancs») ; bien que produisant beaucoup moins d’œufs, les salmonidés ont un mode de reproduction très protégé, (œufs de grosse taille, 4 à 5 mm de diamètre et enfouis dans le substrat).
Dans un milieu naturel conforme, 70% des œufs peuvent parvenir au stade de l’émergence.
A l’émergence, les alevins quittent un milieu protégé (les interstices des graviers et galets) et se retrouvent dans un milieu ouvert et hostile, qui va vite devenir très sélectif.
Ils doivent affronter le courant, les prédateurs, l’alternance des jours et des nuits et trouver leur première nourriture. C’est de leur capacité rapide d’adaptation dans ce nouvel environnement que va dépendre leur survie.
 En compétition directe avec leurs congénères, ils adoptent d’emblée un comportement territorial propre à l’espèce fario.
Cette compétition est âpre, les individus dominants s’approprient les postes les plus favorables qui peuvent leur fournir abris et nourriture, tandis que les individus dominés sont forcés à la dévalaison et à l’aléatoire conquête d’un poste vacant.
S’ils ne parviennent pas à s’approprier un territoire, ils sont contraints à devenir dévalants moribonds (c’est ainsi qu’ils sont nommés), et à finalement disparaître.
Cette implacable sélection naturelle fait que les survivants, de l’ordre de 10 à 20 % de la cohorte d’alevins (groupe d’individus du même âge) sont les plus aptes à exploiter au mieux leur milieu. 
Les zones colonisées forment une mosaïque de territoires appelés nurseries, c’est donc dans les premières semaines après l’émergence que les effectifs s’ajustent à la capacité d’accueil du milieu.
A ce stade, à cause de leur petite taille, les alevins restants, bien qu’ayant conquis de haute lutte leur autonomie, restent encore très vulnérables, une grosse crue de printemps pouvant provoquer une importante réduction des effectifs. 
Abordons maintenant le stade de la croissance et de la répartition territoriale des juvéniles.

Croissance et répartition territoriale des juvéniles

La croissance des jeunes truites est relativement rapide. Toutefois, les tailles atteintes à l’automne peuvent varier de manière importante, suivant les individus, en fonction de la densité de ceux-ci et des ressources alimentaires du cours d’eau.
Par exemple, une truitelle d’un automne sur une grande rivière de piémont comme le Lot, pourra mesurer jusqu’à 14 cm, 11 cm sur une rivière de taille moyenne, et parfois moins de 8 cm sur un petit ruisseau de l’Aubrac.
L’établissement de la hiérarchie que nous avons vu précédemment, fait qu’il y a également des disparités de taille dans les cohortes sur une même rivière. En effet, les pontes s’échelonnent parfois sur plus d’un mois, les sujets dominants (souvent les premiers-nés) ont logiquement une croissance plus rapide que les dominés. Les truitelles d’un premier automne sont appelées les 0+.
Leur habitat préférentiel est constitué par des milieux peu profonds, entre 10 et 30 cm, avec des vitesses de courant de 20 à 50 cm par seconde.
Dans la suite de ce sujet nous verrons toute l’importance que revêtent la qualité et la variété de l’habitat piscicole.

La suite : La truite fario et son habitat 2/2

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